Est-ce qu'il est en train de se barrer pendant que je lui parle ? « Et c'est toi qui parlais de politesse... » J'ai parlé si bas qu'il ne m'a probablement pas entendue, d'autant qu'il se trouve déjà derrière moi. Peu importe, de toute évidence ce que je peux dire ne l'intéresse pas le moins du monde. Je ne pensais pas faire une rencontre pareil à la fac, comme quoi il y avait vraiment toute sorte de gens partout. Mais ça avait au moins eu le mérite de m'enlever certaines questions de la tête. Je m'étais demandé pourquoi il était tout le temps seul, j'avais ma réponse, il est antipathique au possible. Quant à savoir si c'était par choix ou non, quelle était la différence ? J'étais presque sûr que c'était par choix, cet empressement avec lequel il m'avait envoyer chier ne laissait pas vraiment de place au doute. A moins que ce soit juste ma tête qui ne lui revenait pas. Par contre, je ne savais toujours pas qui il était, aucun de nous n'avait eu l'idée de donner son nom à l'autre. Et pourquoi l'aurions nous fait de toute façon ?

Au final, plantée au milieu du couloir, je n'étais pas certaine de savoir quoi penser de cette mésaventure. J'aurai pu le poursuivre pour tenter d'en apprendre d'avantage, mais quelque chose me disait que sa patience finirai par atteindre ses limites. Et si j'avais désormais la certitude qu'il ne lèverai pas la main sur moi, je savais aussi que ses mots pourraient me faire bien plus de mal qu'une gifle. Je le savais parce que j'avais trop souvent utilisé les mots pour faire du mal aux autres. Et que se soit intentionnel ou sous le coup la colère n'y changerai rien. Et de toute façon, je n'étais pas du genre à vouloir pousser les autres à bout, enfin, je ne l'étais plus. Je me retournais et le regardais s'en aller et à mesure qu'il s'éloignait je sentais tout mon corps se détendre. Étrange, je ne m'étais pas rendue compte que j'étais aussi tendue. Il faut croire que la pression n'était pas autant redescendue que je l'avais cru. Je laissais échapper un soupire, ça m'avait pris bien plus d'énergie que je ne l'aurai imaginé et je me sentais d'un coup épuisée. Et dire qu'on est qu'en début d'après midi. Et puis, j'ai encore cours, quel enfer, j'ai vraiment un don pour m'embarquer dans les conneries. Va falloir que je réfléchisse un peu plus avant d'agir à l'avenir.