05/04/21 || outfit Assis dans la voiture de son père, Haneki ne prononça pas un mot. Il regardait par la fenêtre, fixant le paysage qui défilait devant lui. Son père roulait trop vite, s'inquiétant de la santé de son fils qui lui assurait pourtant qu'il allait bien. Il avait tout vomi et seule une légère faiblesse subsistait. Fallait dire qu'il n'avait rien mangé de la journée, juste ces cachets avalés en fin de matinée et qui laissaient un goût âcre dans sa bouche. Mais il s'en fichait, c'était tout ce qu'il voulait.
Sa mère avait voulu qu'il monte avec elle, qu'elle le conduise à l'hôpital, mais Haneki avait même refusé de la voir. C'était à cause d'elle qu'il avait fait ça, il n'allait certainement pas lui pardonner aussi tôt. Et il se doutait qu'elle lui reprocherait son geste, ce pour quoi il n'était pas d'humeur. Il avait juste l'espoir de mettre la main sur d'autres cachets et de recommencer, ne désirant plus rien d'autre.
Une fois arrivé à la clinique, il laissa son père parler et se laissa entraîner par des infirmières. On lui fit une prise de sang, on prit sa tension, on regarda ses yeux, sa gorge. Il ne répondit à aucune question et se laissa pousser dans un fauteuil jusqu'à une chambre double. Il était déshydraté et en hypoglycémie. Logique. Sans se battre, il regarda une infirmière lui insérer une perfusion dans le bras. Puis elle lui dit que sa mère attendait dans le couloir et il ouvrit la bouche pour la première fois.
Je veux pas la voir.
La femme sembla surprise mais hocha la tête avant de sortir. Sa mère n'entrant pas à sa suite, Haneki supposa que le message était passé et s'enfonça dans ses oreillers, le regard fixé sur le mur blanc devant lui. Il n'avait rien à faire là, n'avait pas besoin de soins. Il lui aurait suffit de boire et manger pour reprendre des forces et personne n'aurait rien su. Son père était juste rentré trop tôt et avait tout deviné...
Fatigué et faible, il profita d'être seul dans la chambre pour fermer les yeux, espérant se reposer un peu ou, si l'univers était de son côté, ne jamais se réveiller. Il ne se sentait pas la force d'affronter le monde encore longtemps, surtout maintenant qu'il avait commis ce geste. Ses parents ne le regarderaient plus jamais comme avant, il aurait encore moins de liberté. Se tournant sur le côté, il fit en sorte de ne pas tordre la perfusion et poussa un long soupir pour détendre un peu son corps.
(#) Re: (TW) wasted || Yusuke ϟ Dim 13 Juin - 23:35
wasted
when being alive is already too much to handle
05/04/21 || outfit Encore une énième bagarre mais cette fois-ci, ça a été si violent que j’ai été obligé d’aller à l’hôpital pour me faire soigner. En fait, c’était juste impressionnant à cause du sang mais je ne suis pas en si piteuse état. J’ai simplement le nez cassé et l’arcade ouverte. Bon, il m’a fallu des points de suture et tout ce que j’espère c’est ne pas garder de cicatrice, quoiqu’avec deux malheureux points, ça ne se verra pas trop.
Parce que j’ai perdu connaissance un bref instant, ils m’ont demandé de rester quelques heures de plus. Quelle plaie ! J’aurais préféré rentrer quoique… non je suis quand même mieux ici qu’à l’appartement de mes parents. Je pourrais peut-être aller chez Aki après ? Est-ce qu’il acceptera de venir me chercher ? On verra.
Je soupire alors qu’on m’emmène jusqu’à une chambre déjà occupé par un autre garçon. Je ne lui accorde pas vraiment d’importance, on dirait qu’il dort. Tant mieux pour lui. L’infirmière m’installe sur le lit d’à côté et je regrette simplement qu’elle ne soit pas jolie. J’aurais pu la draguer dans le cas contraire, au moins ça m’aurait permis de passer un bon moment. Tant pis, je ne suis pas fan des thons alors je trouverais bien une autre occupation.
Une fois seul, je lâche un énième soupire avant de grogner un : « Quand même, ça me saoule de rester ici. » Je regarde l’autre gars avant de marmonner un : « Comment tu fais pour dormir dans un endroit pareil. » Je l’observe un moment mais ne lui voit aucune plaie apparente et sans me soucier de le réveiller ou non, juste parce que je m’ennuie, je lui lance un : « T’es là pour quoi toi ? »
(#) Re: (TW) wasted || Yusuke ϟ Mar 15 Juin - 21:45
wasted
when being alive is already too much to handle
05/04/21 || outfit À sa plus grande surprise, Haneki s'endormit assez rapidement après avoir été laissé seul dans la chambre. Son corps devait être plus épuisé qu'il ne l'avait cru, s'étant plutôt attendu à tergiverser pendant des heures sur ce lit aseptisé. Il ne rêva pas, flotta simplement dans des ténèbres bienvenues et reposantes. Et puis il entendit des voix.
Dans un premier temps, Haneki cru que sa mère avait réussi à entrer ou qu'une infirmière revenait prendre ses constantes. Ne voulant pas qu'on l'embête, il prit soin de ne pas bouger un muscle, se montrant aussi immobile que si son coeur avait cessé de battre. Il tendit cependant l'oreille et distingua deux voix différentes, un homme et une femme. Aucune d'elles ne lui était familière. Relâchant son souffle en comprenant qu'on amenait juste un autre patient dans sa chambre, Haneki resta immobile, cherchant à retomber dans le sommeil.
Il s'était allongé de façon à tourner le dos au lit voisin et ne pu donc voir à quoi ressemblait le nouveau venu. Quand celui-ci prit la parole, cependant, l'étudiant l'imagina assez jeune, peut-être de son âge ou presque. Il ne chercha pas plus que ça à imaginer son physique, se fichant pas mal qu'il soit grand ou petit, gros ou mince, blond ou brun. Il ne comptait pas rester éternellement dans cet hôpital alors bon.
Quand son voisin lui demanda comment il faisait pour dormir, Haneki ne répondit pas. Il essayait justement de se rendormir, ça aurait donc été sympa de le laisser faire, mais il reprit la parole une troisième fois, et le déprimé poussa un soupir avant de se retourner à moitié. Agacé, il lui adressa un regard blasé et irrité, le dévisageant sans essayer de masquer son ennui.
J'ai tenté de me suicider, et maintenant j'aimerais dormir si c'est pas trop demander.
Sans plus épiloguer, Haneki revint dans sa position originelle et referma les yeux. Ce mec était le premier à qui il disait ce qu'il avait fait avec des vrais mots. Son père n'avait fait que deviner et il avait hoché la tête pour confirmer, mais il n'avait rien dit. Il ne comptait pas en parler à d'autres personnes, ne comptait même pas vivre assez longtemps pour pouvoir le faire. Enfin, il faudrait attendre que ses parents arrêtent de le surveiller pour ça, parce que Haneki se doutait qu'ils n'allaient pas le lâcher avant d'être pleinement rassurés...
Voilà, maintenant il tergiversait. Soupirant de frustration en comprenant qu'il ne parviendrait pas à retrouver le sommeil, il se redressa en position assise, le dos appuyé sur ses coussins, et se tourna vers l'autre gars. Un blond, grand, mince. Il aurait pu être beau sans les blessures sur le visage qui lui donnaient un sale air de bagarreur.
Je te demande pas pourquoi t'es là, ça se voit à ta tête...
05/04/21 || outfit Je me contente d’arquer un sourcil de surprise à sa réponse. Il a tenté de se suicider ? Pourquoi ? Et comment il s’y est pris pour se louper ? Parce que s’il est ici c’est qu’il n’a pas réussi, non ? Mais en avait-il seulement envie ? C’est bizarre et ça m’intrigue. Quant à sa mauvaise humeur, je m’en fous complètement. C’est pas ce qui va m’empêcher de dire ce que j’ai à dire. Et s’il n’est pas content, tant pis pour lui. Je me fais chier ici et désolé pour lui mais il est la seule distraction que j’ai sous la main. D’ailleurs mon regard insistant posé sur lui à l’air de l’empêcher de dormir car il finit par se redresser, ce qui me fait immanquablement sourire.
Par reflexe je pose mes doigts contre mes blessures au visage. Je ne dois pas être très beau à voir avec mais je m’en fiche. D’ailleurs j’hausse simplement les épaules avant de lui dire : « Quand on me cherche, on me trouve c’est tout mais j’ai pas toujours été comme ça. J’ai juste arrêté d’être la victime de l’histoire parce que finalement dans la vraie vie, personne ne vient te sauver. » Ma voix tremble légèrement de tristesse et de colère alors que j’essaie de refouler tous ces souvenirs qui me reviennent en mémoire. Je ne veux pas y penser. Ni à ce mec ni à ce qu’il m’a fait pendant toutes ces années avant que je ne trouve le courage de l’affronter. Et aujourd’hui je ne laisserais plus personne me faire du mal. « Et toi ? Qui t’a sauvé malgré toi ? » Mes questions sont franches et peut-être intrusives mais j’ai toujours été comme ça. Pourquoi y aller par quatre chemins ? Pourquoi jouer les hypocrites et faire semblant de compatir ou de comprendre ce qu’il vit. Je ne le connais pas. Je ne sais pas quelles sont ses raisons de vouloir en finir. Lui non plus ne me connait pas. Il ne sait pas par quoi je suis passé et c’est ok comme ça.
Après m’être étiré, je décide de quitter mon lit pour aller m’assoir sur le sien, sans lui demander son avis. J’ai toujours été sans gêne mais je trouve ça plus sympa de m’assoir juste en face de lui pour lui parler. D’ailleurs je m’installe confortablement à l’autre bout de son lit, en tailleur et en profite pour observer l’expression de son visage. « T’es mignon, ça serait dommage de mourir tout de suite alors que je suis sûr qu’il y a tout un tas de trucs que t’as pas encore fait ou essayé. »
05/04/21 || outfit Haneki n'avait pas forcément envie de parler, ni de lire, regarder un film ou même écouter de la musique. Il n'avait envie de rien d'autre que dormir et oublier tout le reste, jusqu'à ne même plus se rappeler de sa propre existence. Il voulait fuir ce monde qui ne lui avait jamais rien apporté de bon, où personne ne se souciait de lui et où il n'avait plus la force de se porter tout seul. Mais il n'y arrivait pas, et le gars à côté lui permettrait peut-être d'au moins penser à autre chose.
Il était là pour une bagarre, ça se voyait comme son nez cassé au milieu de son visage ravagé. Haneki s'attendait à ce qu'il lui avoue fièrement avoir fait pire à l'autre type, un truc du genre, mais il lui dit avoir cessé d'être la victime. Selon lui, il ne semblait y avoir que deux options dans la vie : se faire victimiser ou victimiser les autres. Haneki en voyait une troisième ; être totalement invisible aux yeux du monde entier...
Personne ne vient te sauver. Baissant les yeux à cette conclusion, le suicidaire replongea malgré lui dans ses pensées. D'autres que lui se seraient insurgés, car le monde était peuplé de soi-disant optimistes généreux toujours prêts à tendre la main à ceux qui en ont besoin. Mais Haneki avait toujours été seul, personne n'avait jamais essayé de le comprendre et de le sauver. Même son père s'était contenté d'assister passivement à sa chute, sans jamais essayer de le tirer des griffes de sa mère. Il ne pouvait compter sur personne, ne l'avait jamais pu et ne le pourrait jamais.
Mon estomac. J'ai pas pu me retenir de vomir les cachets que j'ai avalés.
Ce n'était pourtant pas faute d'avoir essayé, mais les spasmes étaient trop forts, trop désespérés pour qu'il puisse les ravaler. Il n'avait finalement pu que desserrer les mâchoires et tout laisser sortir, sachant qu'il n'avait plus assez de cachets pour recommencer. Était-ce l'univers qui lui donnait une nouvelle chance ? Ou bien le karma qui le faisait chier et voulait qu'il souffre encore un peu ? Une chose était sûre, ce n'était pas une prise de conscience qui l'avait poussé à tout recracher avant de partir.
Haneki releva la tête vers l'autre en le voyant quitter son lit pour rejoindre le sien. Sans réagir plus que ça, il ramena ses jambes vers lui pour éviter de se faire écraser et planta ses yeux dans les siens. Il devait certainement être en train de le juger, de se dire qu'il fallait être faible et pathétique pour tenter de se suicider. Après tout, ce n'est jamais la solution, non ? N'est-ce pas ce que tout le monde répétait toujours ?
Il esquissa une moue irritée à son commentaire et leva les yeux au ciel avant de tourner la tête vers la fenêtre. C'était vrai, il y avait plein de choses qu'il n'avait pas faites, mais il n'en avait même pas envie. Il n'aurait eu aucun regret, se fichait pas mal de mourir jeune vierge ou sans diplôme. Ca faisait près de dix ans qu'il pensait au suicide, alors il avait déjà fait plus d'expériences que prévu et aucune ne lui avait donné envie de rester là.
Et donc, selon toi, je devrais rester en vie pour quoi ? Faire tous ces trucs dont je n'ai pas envie et continuer à souffrir en silence ? Je suis censé tenir le coup en attendant qu'un truc bien m'arrive, c'est ça ?
Lâchant un rire ironique et amer, il passa une main dans ses mèches puis releva les genoux contre lui pour y poser le front. Dans les films, tout le monde était persuadé qu'il suffisait d'attendre que la vie nous sourie et mette sur notre chemin une personne ou une opportunité qui changerait tout. Mais Haneki ne voulait pas de ça, il ne voulait pas attendre et espérer. Il était même persuadé que, si il rencontrait quelqu'un prêt à l'aider, il aurait trop peur et l'enverrait bouler pour ne pas risquer de se faire abandonner plus tard. Son comportement était parfois digne d'un border-line, mais c'était plus fort que lui. Il n'en pouvait juste plus et voulait simplement que tout s'arrête.
05/04/21 || outfit Ainsi donc j’avais raison. Il n’y a jamais personne pour venir nous sauver. Ils ont tous détourné les yeux quand ils m’ont laissé entre les griffes de ce prédateur alors que je n’étais qu’un gosse sans défense. Et lui, on dirait bien que personne non plus ne s’en soucie. Finalement, on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Une fois qu’on l’a compris, je trouve que tout est plus facile mais dans un sens je crois que je peux comprendre son envie d’en finir. A quoi ça sert de faire tout ça, hein ? Je n’ai pas de réponse à lui donner. Je n’ai pas non plus la prétention de vouloir le faire changer d’avis. C’est pas mon rôle et j’en serais incapable. J’ai déjà du mal à m’occuper de moi alors jouer les bon saintmaritain, je passe mon tour. « Y’a que toi qui a les réponses à ces questions. » Après lui avoir lancé ces quelques mots, je baille puis m’étire avant de jeter un coup d’œil autour de nous. « J’en ai marre de rester ici. J’ai bien envie de me casser. Ça te dit qu’on fasse le mur et qu’on aille boire un coup quelque part ? » Après tout, on occupe des lits pour rien. Autant céder nos places à de vrais malades. D’ailleurs c’est pas comme si on pouvait faire grand-chose pour nous. Mon nez pété, il va se réparer tout seul et s’il n’est pas trop amoché, je n’aurais pas besoin de chirurgie esthétique. J’en ai de toute façon jamais eu besoin vu que c’est pas la première fois que ça m’arrive. « En plus j’ai envie de fumer mais on peut pas le faire ici. » Et c’est la seule chose qui pourrait me faire du bien, là tout de suite. Ça mais aussi et surtout du bon sake.
05/04/21 || outfit La vague de colère que Haneki avait ressentie pour le bagarreur s'envola rapidement, quand il l'entendit lui dire que c'était sa décision. Il se serait attendu à ce qu'il lui dise quoi faire, qu'il devait tenir le coup, se battre et vivre sa vie. Tout le monde disait que la vie était un cadeau, un don, quelque chose qu'il fallait chérir, mais quand ce présent était empoisonné, à quoi bon le conserver ? Personne n'exposerait dans sa maison quelque chose d'immonde, de dégueulasse ou de pourri, si ?
Relevant la tête avec reconnaissance, il le regarda avec calme, presque surpris d'entendre ça de la bouche d'un bagarreur. Mais s'il avait été la cible de tortionnaires par le passé, peut-être pouvait-il le comprendre. Peut-être que lui aussi avait déjà songé à la mort. Et si s'en prendre à d'autres lui permettait de tenir le coup, tant mieux pour lui, mais Haneki n'avait pas le courage d'essayer de renverser la situation.
Tu veux... sortir de l'hôpital ?
Choqué par cette proposition, Haneki le regarda avec de grands yeux et les sourcils dressés. Ils allaient se faire choper, c'était évident. Il devait y avoir une montagne d'infirmières dans les couloirs et au moins une qui reconnaîtrait les patients. Et si les parents de Haneki étaient là, eux aussi ? Enfin... en avait-il seulement quelque chose à foutre ?
Il allait tout de même répondre que ce n'était pas une bonne idée, mais l'entrée d'une infirmière dans leur chambre l'interrompit. Si elle fut surprise de trouver le blond sur son lit, elle se reprit rapidement et se tourna vers le perfusé avec une mine blasée. Elle s'approcha de son lit pour prendre ses constantes et retira la perfusion déjà vidée.
Nous vous avons prévu un rendez-vous avec une psychologue, c'est la procédure en cas de tentative de suicide. Elle passera vous chercher d'ici quinze minutes. En attendant... repos.
Elle prononça ce dernier mot en regardant l'autre jeune homme sur son lit, sa mine désapprobatrice lui demandant clairement de le laisser seul. Haneki ne lui répondit pas et attendit simplement qu'elle sorte en se massant le bras, où la douleur de la piqûre persistait. Dès qu'elle eut fermé la porte, il se redressa avec une moue déterminée et regarda son colocataire dans les yeux.
T'attends quoi ? On y va !
Si au départ il avait peur de sortir, à présent la perspective de se retrouver chez une psy le terrifiait encore plus. Il rabattit donc les couvertures pour se lever, vacilla une seconde avant de retrouver son équilibre, puis se pencha pour enfiler ses chaussures, soigneusement posées au pied de son lit.
Par contre je pense pas que l'alcool et les médocs fassent bon ménage donc je vais m'abstenir. Mais je dirais pas non à grignoter un truc, je meurs de faim.
Pour appuyer ses propos, son estomac protesta vivement pour marquer son mécontentement. Une fois ses chaussures attachées, il récupéra son portable sur la table de chevet puis se tourna vers l'autre avec une expression désolée.
Personne ne m'a apporté mon portefeuilles... tu pourras m'avancer ? Je ferai un virement pour te rembourser directement.
05/04/21 || outfit Il semble surpris ou peut-être choqué par ma proposition. Pourtant je suis sérieux. A quoi bon rester enfermer ici ? Ni lui, ni moi n’en avons envie. Alors pourquoi ne pas faire le mur ? Sérieusement, c’est pas comme si les conséquences seraient terribles ! On s’en fout du reste du monde. Sauf qu’une infirmière arrive, nous interrompant en plein projet. D’un autre côté, mieux vaut qu’elle passe maintenant plutôt qu’après notre départ, non ?
Lui adressant mon sourire le plus innocent, je ne descends pas du lit de ce gars dont je ne connais même pas le nom ! Je me contente de la regarder faire son travail, qui visiblement la fait chier si j’en juge à son air blasé. Malgré moi, je ne peux m’empêcher de grimacer en l’entendant parler d’un psychologue. Je déteste ces gens-là. Je trouve qu’ils sont les pires. Aucun de ceux que je n’ai vu n’a été capable de m’aider, ni de me comprendre. Certains ont même remis en doute ce que j’ai pu vivre. Vraiment, je me demande à quoi peuvent servir ces charlatans.
Je la suis du regard, continuant de sourire car je crois que ça l’agace et quand je repose les yeux sur l’autre gars, on dirait qu’il a changé d’avis et c’est tant mieux ! Je bondis hors de son lit et attrape ma veste, grimaçant de douleur au passage à cause de mes côtes fêlées. Ça aurait été certainement plus facile a supporter si j’avais pris les antidouleurs qu’ils m’ont donné mais j’ai horreur de ce genre de truc. Ça me rappelle bien trop de mauvais souvenirs. D’ailleurs je ne veux même pas y penser.
Pour lacer mes chaussures, je prends un peu plus de précaution, me baissant doucement pour ne pas me faire mal. D’ailleurs tout en les enfilant, je lui réponds : « Ok, on va aller manger un truc dans un endroit où je pourrais aussi picoler. » Je trouve quand même ça bizarre. Le mec a voulu se tuer mais il s’inquiète du mélange alcool médoc. Bon, après ça le regarde ! En plus tant mieux, ça serait con qu’au lieu de prendre du bon temps avec moi, il finisse à nouveau aux urgences. En fait tout bien réfléchis, j’apprécie qu’il se montre prévoyant et qu’il ne gâche notre petite virée en se tuant. Ça, il pourra le faire plus tard, si le cœur lui en dit. Je suis peut-être cruel mais je le connais pas. Je sais pas ce qu’il a vécu. Il a certainement ses raisons d’avoir envie d’en finir et c’est pas moi qui irais contre sa volonté. J’ai aucune légitimité à le faire. Je vais pas lui faire ce que j’ai pas envie qu’on me fasse. Quant à l’argent…
« T’inquiète pas pour le fric. Mes parents sont pétés de tunes. Me donner du fric, c’est tout ce qu’ils savent faire. Alors allons vider un peu leur compte en banque en s’amusant ! » Je me relève avec précaution, puis me dirige sans faire de bruit vers la porte que j’ouvre doucement. Après avoir jeté un rapide coup d’œil dans le couloir et constaté qu’il n’y avait personne en vue, je fais signe à mon nouvel ami de me suivre, refermant avec précaution la porte derrière nous. « On va passer par les escaliers. Ça sera plus discret. Au fait, c’est quoi ton nom ? Moi c’est Tanaka Yusuke. »
05/04/21 || outfit Haneki voulait mourir, clairement, mais il ne voulait pas traumatiser des innocents en crevant devant eux. Il ne voulait pas les impliquer dans ses emmerdes, faire un scandale et encore moins faire la une des journaux le lendemain. Il voulait juste partir discrètement, et s'il pouvait faire souffrir sa mère un minimum, ça serait la cerise sur le gâteau. Mais ça, il ne le dit pas à son colocataire et le laissa faire ses propres conclusions. Au pire, même s'il ne comprenait pas, Haneki s'en fichait pas mal.
Il venait de se lever quand il vit l'autre faire pareil et grimacer de douleur. Apparemment, il n'y avait pas que son visage qui avait moflé, mais Haneki ne fit pas non plus de commentaire et hocha la tête à sa réponse. Il pourrait picoler autant qu'il voudrait, il ne l'arrêterait pas. Quant à lui, il avait juste besoin de manger un bout s'il ne voulait pas s'évanouir dans la rue avec son bracelet d'hôpital attaché au poignet. Enfin, la perfusion devait probablement contenir du glucose, mais son estomac réclamait tout de même d'être nourri.
Seulement, il réalisa qu'il ne possédait pas d'argent, que personne n'avait pensé qu'il en aurait besoin. C'était déjà bien beau qu'il ait son portable avec lui, il pourrait utiliser son appli bancaire pour faire un virement à son camarade. Du moins c'était ce qu'il prévoyait, mais l'autre ne semblait pas de cet avis. Apparemment, lui non plus n'avait pas une bonne relation avec ses parents et se réjouissait de dépenser leur argent sans compter. Haneki haussa les épaules en glissant les mains dans ses poches.
Bah merci à eux, alors !
Esquissant un sourire amusé quoique blasé, il attendit que l'autre soit prêt et le laissa passer devant pour l'opération "faire le mur à l'hosto". Haneki se mordit la lèvre de nervosité, s'attendant à ce que ses parents soient derrière la porte et qu'ils lui sautent dessus dès qu'il sortirait. Mais son coloc fit un signe annonçant que la voie était libre et, étonné, il se pencha derrière lui pour s'en assurer. En effet, pas un chat ne rôdait dans le couloir ; ses parents devaient être en train de parler à des médecins, un truc du genre.
T'as raison. Nakajima Haneki.
Après s'être présenté dans un souffle, il suivit son guide jusqu'à la cage d'escaliers la plus proche et poussa un soupir de soulagement en la trouvant vide. Ne sachant même pas à quel étage ils étaient, il resta en arrière et se contenta de suivre la marche jusqu'à arriver au rez-de-chaussée. À partir de là, plus personne ne devrait être en mesure de reconnaître des patients en fuite, si ? Ils devraient facilement pouvoir se faire passer pour des visiteurs. Sauf que...
Merde, y a ma mère à l'accueil... Avec le manteau blanc, là. Faut pas qu'elle me voie.
Limite caché derrière Yusuke, Haneki garda un oeil sur la silhouette de sa mère, à une dizaine de mètres plus loin. De profil, elle ne semblait pas vouloir regarder dans sa direction, mais un coup d'oeil suffirait pour qu'elle le reconnaisse. Et, une fois qu'elle aurait mis la main sur lui, elle ne le lâcherait pas...
05/04/21 || outfit« Content de faire ta connaissance Haneki. » Oui je me permets de l’appeler par son prénom et pas par son nom de famille mais j’ai la réputation d’être particulièrement mal poli et de prendre facilement mes aises avec les gens. Enfin, je crois qu’il l’avait compris depuis longtemps puisque je me suis quand même permis de m’installer sur son lit tout à l’heure.
Nous arrivons sans encombre jusqu’aux escaliers où nous ne rencontrons personne. De toute façon qui saura que nous sommes des patients en fuites ? A moins de tomber sur quelqu’un qui s’est occupé de nous, tout le monde pensera que nous sommes de simples visiteurs. Ni plus, ni moins. D’ailleurs nous arrivons sans encombre jusqu’au rez-de-chaussée. Autant dire que s’enfuir de cet hôpital est un vrai jeu d’enfant. C’est en tout cas ce que je croyais jusqu’à ce qu’Haneki ne me signale la présence de sa mère. J’imagine qu’elle va nous faire chier si elle le voit. Mon compagnon de fuite se cache tant bien que mal derrière moi mais nous allons finir par attirer l’attention comme ça alors pas le choix. « Viens-là. » Je l’attire un peu à l’écart, en veillant à nous placer dans un angle mort puis je retire ma veste et la lui tend : « Fais-moi confiance et fais ce que je te dis sans discuter. T’aura le droit de te plaindre et de m’insulter quand on sera dehors et surtout libre. » Je retiens un léger rire avant de reprendre : « Mets ma veste et surtout mets la capuche. » Il aura l’air plus suspect comme ça ? Oui mais ce n’est pas fini parce que je passe un bras autour de ses épaules et lui dit : « Reste contre moi et pose ta tête contre moi. Jusqu’à ce qu’on soit sorti d’ici, considère-toi comme mon petit-ami. Crois-moi, ta mère va nous voir sans nous voir. » A tous les coups, en parfaite japonaise elle sera pleine de préjugée et va nous regarder sans trop oser nos dévisager. On passera comme une lettre à la poste devant elle. De toute façon je ne vois pas trop comment on peut faire autrement. Il n’y a qu’une seule entrée et une seule sortie pour les visiteurs comme pour les patients. On n’a pas d’autres choix. Quant à retourner dans notre chambre, il en est hors de question.