Q : Tu fais quoi dans la vie ? R : Je suis une joueuse professionnelle de League of Legends. Je suis également streameuse depuis de nombreuses années.
Q : Tu vis à Seiseki ou dans la capitale ?R : J'ai vécu avec mes coéquipières les premières années, mais nous avons finit par avoir besoin de plus d'indépendance. C'est pourquoi, aujourd'hui je vis dans un petit appartement à Seiseki dans le quartier de Sekido.
Q : Quel est l’endroit où tu aimes le plus aller (Seiseki) ?R : J'aime aller me détendre au Parc Ichinomiya, selon moi, c'est l'endroit idéal pour prendre l'air. Il n'est pas rare de me voir me balader dans le coin.
Q : (Etrangers) Tu es au Japon depuis combien de temps ? Pour quel motif ? Et avec quel visa ?R : Je suis au Japon depuis 5 ans, j'ai obtenue un visa de travail puisque je suis venue au Japon en tant que joueuse professionnelle. Un jour, j'aimerais faire une demande de résidence permanente.
Q : Tu te décrirais comment en quelques mots ?R : J'ai quitté la maison très jeune, j'étais à peine majeure, j'ai donc rapidement appris à me débrouiller seule. Je suis quelqu'un d’autodidacte et j’apprends généralement assez rapidement quand je m'en donne la peine. Je pense que certains diraient de moi que j'ai un certain sens du leadership, quant à moi, je dirai que je n'ai pas peur de prendre les choses en main quand il le faut et que je ne suis pas du genre à tergiverser très longtemps quand il faut prendre des décisions. Je suis quelqu'un qui s'attache vite aux autres, mais j'ai du mal à le leur montrer. Je n'aime pas parler de ce que je ressens et il faut souvent du temps avant que je ne m'ouvre complètement.
Je suis une fille a qui on peut faire confiance, je suis parfaitement capable de garder un secret et je me fiche pas mal des commérages, je ne suis pas de nature curieuse, toutefois, si certains ressentent le besoin de se confier, je peux être l'oreille attentive dont ils auront besoin. Je peux égaler être l'épaule sur laquelle pleurer en silence. En clair, je répond présente en cas de coup dur et je ne pose pas de question quand je sens que ce n'est pas le bon moment. En revanche, je peux me montrer rancunière. Je ne suis pas du genre susceptible et il en faut beaucoup pour que je prenne mal quelque chose, mais si la limite est franchie, je ne pardonnerai pas facilement.
Je suis quelqu'un qui réfléchis vite et qui n'a généralement pas trop de mal à comprendre ce qui se passe autour de moi. Et croyez-moi ça permet souvent d'éviter les malaises en posant les mauvaises questions. Je suis plutôt réactive et c'est un gros avantage dans la voix que j'ai choisi. Mais c'est également utile dans la vie de tout les jours, en effet, je suis capable de m'adapter à la plupart des situations et je ne craint pas les imprévus. J'ai également une bonne résistance au stress, ce qui m’empêche de paniquer quand les choses ne se déroule pas comme elles le devraient.
Concernant mes goûts, en dehors des jeux vidéos, j'aime la musique et j'en écoute énormément, du matin au soir. J'apprécie également la lecture, même si en ce moment, je ne prend pas souvent le temps de me poser devant un bon livre.
Il y aurai certainement encore beaucoup de choses à dire de moi, mais il ne tient qu'à vous de découvrir les autres facettes de ma personnalité.
Q : Et finalement, dis-nous en un peu plus sur ton parcours jusqu’à aujourd’hui.R : Je suis venue au monde dans la capitale danoise. Je viens d'une famille modeste. Nous n'avons jamais roulé sur l'or, mais nous étions heureux comme ça. Je suis enfant unique. C'est très tôt qu'est née ma passion pour les jeux vidéos. Mais mon enfance n'a pas grand chose d'intéressant, alors je vous propose de faire un bond dans le temps.
Je suis au début de l'adolescence lorsque je découvre les jeux sur pc, je touche un peu à tout jusqu’en 2009, année durant laquelle sortira mon jeu de cœur, celui qui allait changer ma vie. J'ai 16 ans lorsque je lance mes premières partie. Je gagne rapidement en niveau et c'est avec admiration que j'observe les compétitions masculines. A cette époque, je ne rêve que d'une chose, faire partie des meilleurs moi aussi. Un rêve que mes parents freineront autant qu'ils le pourront. Non par manque de confiance en mes capacités, mais simplement parce qu'ils avaient du mal à s'imaginer qu'on puisse vivre en jouant aux jeux vidéos. J'étais frustrée, mais avec le recul, je ne leur en veut pas. Ils ont fait ce qu'ils pensaient être le mieux pour moi et je dois admettre que je leur suis reconnaissante de m'avoir poussé à au moins terminer mes années de lycée. Parce qu'au fond, ils avaient raison, ça aurai pu ne pas marcher pour moi.
Mon diplôme en poche et la majorité atteinte, plus rien ne me retient de me lancer. Je rejoints une équipe et me lance dans les compétitions. Bien vite, je déménage à Berlin pour éviter de passer tout mon temps dans les avions. J'étais jeune et j'avais l'impression que rien ne pouvais m'arrêter. Cependant, j'allais vite comprendre qu'être une fille dans un monde majoritairement masculin n'est pas toujours facile. En effet, c'est à cette époque que je décide de lancer une chaîne de streaming, je partage mes entraînements mais également d'autre jeux. Parfois, il m'arrive même de simplement me poser pour parler avec ceux qui sont présent sur la chaîne. Au début, tout se passait bien, mais plus ma chaîne grandissait, plus je devais faire face à des gens qui ne venaient que parce que j'étais une femme. Ils jugeaient la chaîne non sur le contenu que je pouvais proposer, mais sur mon physique. J'avais beaucoup de mal avec ce genre de comportement et pourtant, il n'est pas rare quand vous êtes une femme qui joue aux jeux vidéos. J'ai toujours trouvé ça injuste. Au début, j'avais du mal à le gérer, aujourd'hui, je n'y prête même plus attention.
Je jouerais donc sur la scène européenne pendant 4 ans et je dois dire que nous avions de bons résultats, notre équipe faisait partie des meilleures, nous nous sommes même hissés jusqu'en demi-final des mondiaux, ce qui était un peu comme un exploit pour une équipe européenne sur un jeu où l'Asie remporte tout. Et en parlant d'Asie, j'ai un jour reçu une proposition qui allait une nouvelle fois tout chambouler dans ma vie. Une structure japonaise désirait me recruter. Il m'a fallu un moment avant d'accepter. J'avais en effet tissé des liens profonds à Berlin, pourtant, j'ai fini par leur dire oui et c'est ainsi que mon aventure japonaise à débuté.
Lorsque je suis arrivée au Japon, je suis passée par des moments compliqués. Vivre en Allemagne avait été un changement, mais ici, c'était encore autre chose. Il y a une grosse différence entre partir dans le pays d'à côté et partir à l'autre bout du monde. Certes j'avais déjà pas mal voyagé, mais c'était pour de courtes périodes et je savais que je rentrerai. Je me suis sentie très seule au début, certes tous le monde parlais anglais dans l'équipe, mais en dehors, je n'avais personne et je ne parvenais que très difficilement à me faire comprendre puisque je ne parlais pas la langue du pays. Ajoutez à cela une culture totalement différente de ce que j'avais toujours connu et vous aurez une bonne idée de ce que j'ai traversé. Pour être totalement honnête, j'ai pensé à tout laisser tomber, j'avais l'impression que je ne m'y ferai jamais. Pourtant, les semaines ont passé, puis les mois et je suis restée, je me suis accrochée à ce pourquoi j'étais venue ici, vivre de ma passion.
Aujourd'hui, ça fait cinq ans que je suis au Japon et je m'y sens à présent comme chez moi. Je ne l'aurai certainement pas cru et même si les débuts ont été difficiles, j'ai passé ici les meilleures années de ma vie. J'ai la chance de vivre de ma passion alors non, je n'échangerai mon parcours pour rien au monde.