@Taylor Remy

Ton mood avait clairement changé. D'un état de comédien tentant désespérément de se remonter le moral à grand coup de musique rythmée, tu venais de passer à tout autre chose. Tu la sens clairement cette petite chaleur dans le bas ventre, il faut bien concevoir qu'il est franchement difficile de rester de marbre devant une femme pareille. Oui, bien sûr, il suffit de la regarder pour comprendre l'état d'esprit qui s'est emparé de toi depuis quelques instants, mais si il n'y avait que le physique chez elle qui te mettait dans tous tes états, tu n'en serais pas à te remettre en question de temps en temps. Si tu étais clairement enclin à changer le thème de la soirée incessamment sous peu, le regard qu'elle a eu l'espace d'un instant, te fait penser, qu'avant toutes sortes d'ébats, tu te devais peut être d'éclaircir ce point. Généralement, tu te moques bien de l'état d'esprit et des humeurs des gens, voir cela te passe clairement à des kilomètres au dessus du crâne. Mais pas Remy, et de plus en plus. « On pourrait grimper tout en haut de la colline Sakuragaoka, où on aurait le parc pour nous tous seuls … On peut aussi aller chez toi. J’ai pas envie de me faire emmerder par le manager. » A la suite de ces propositions, tu en viendrais presque à te faire un shifumi en solo afin de déterminer quelle idée tu vas retenir. D'un coté, une continuité de soirée plutôt tranquille, où il te serait d'ailleurs possible d'aborder quelques sujets quelque peu épineux et de l'autre coté, une suite des plus charnelle qui en soit, serait potentiellement des exutoires pour vous deux. « Ou sinon tu te travestis en fille et je te fais passer pour ma sœur en voyage au Japon. » Elle a une sœur ? Comme quoi tu réalises que as encore beaucoup de choses à apprendre de Remy, pour une fois que tu es intriguée par la vie personnelle d'une de tes partenaires, cela montre clairement que quelque chose en toi à changer. Était-ce les épreuves qui te sont tombés dessus durant cette année, l'âge et la maturité ?

« Rigoles pas, je suis sur que même en gonzesse je serais canon et que je te ferais ressentir des choses. »

A cette remarque d'un niveau de beauferie maximum, tu accentues le malaise d'un clin d'œil bien prononcé. Tu reprends assez vite ton sérieux afin de pouvoir statuer pour de bon sur ce que vous allez bien pouvoir faire de votre fin de soirée.

« Bon, ce que je te propose c'est qu'on aille faire  la ballade sur ta colline, je t'avoue que ca me changera de prendre un peu de vert. Et après avoir bien gambadé, on va se poser chez moi, tranquille, je veux pas que tu t'embrouilles avec le manager, je sais à quel point il est chiant. Et faudrait pas qu'il se souvienne de ma gueule. »

Il te semble te souvenir avoir eu quelques anicroches avec lui quand ta sœur vivait là bas. Bref, tu finis enfin par t'enfiler la fin de ton verre d'un cul sec. Ce moment karaoké avait été un bon moment. Tu tâtonnes le sofa afin de chercher ton téléphone, action pour montrer que tu es en train de penser qu'il est temps de partir. Une fois, retrouvé, tu te mets debout et à cet instant précis, alors que ton regard croise celui de Remy, une idée te vient en tête. Tu attrapes donc sa main, la tire vers toi et offre enfin a tes lèvres ce qu'elles attendaient depuis un petit moment. Quoique de mieux qu'un baiser pour annoncer la suite de la soirée.

Se balader un peu pour prendre l’air ne serait pas de refus. Mais j’avais préféré laisser le choix de la suite des activités à Kannon. En effet, à la toute base, j’étais là pour lui, car il m’avait écrit ce message me faisant sentir qu’il n’était pas dans son assiette. Même si à l’origine, nous ne nous fréquentions que pour s’envoyer en l’air et se changer les idées, en lisant ce message désespéré, j’avais soudainement ressenti le besoin de me rendre près de lui pour lui remonter le moral. Il y avait des choses qui ne s’expliquent pas. De tous les flirts que j’avais eus au Japon, Kannon était celui avec qui le feeling passait le mieux, et au-delà de la bonne entente sous les draps, nous nous entendions bien de manière générale. Des caractères similaires, des taquineries, de la franchise, et nous n’avions pas froid aux yeux … Bref le courant passait bien et même s’il ne le savait pas, depuis qu’on se voyait plus souvent, j’avais complètement arrêté de voir d’autres personnes.

Kannon fut surpris de ma remarque nulle. J’espère qu’il n’avait pas cru que j’avais vraiment une sœur quand même ? Il le saurait depuis un moment, je suis persuadée que si je n’étais pas fille unique, je parlerais souvent de ma fratrie. Ca manquait d’ailleurs parfois, de ne pas avoir d’autres membres de ma famille avec qui être complice.

« Bah écoute mon grand, tu sais ce qu’il te reste à faire la prochaine fois. On choisira ta perruque ensemble si tu veux ! »

J’éclatai d’un rire franc, essayant de m’imaginer faire des trucs romantiques et érotiques face à un Kannon cosplayé en nana. Pas sûre que ça fonctionne des masses sur moi, quoique je ne m’étais jamais demandé si je pourrais être attirée par les femmes. Mais bon rien que pour la blague, j’étais prête à essayer ce pari. Son clin d’œil marqué me fit sourire en coin. Il avait une idée derrière la tête et je savais très bien quelle flamme l’animait. Il avait CE regard.

Sa proposition me surprit : pas capable de trancher, il avait proposé de faire les deux. La balade sur la colline de Seiseki, et ensuite un saut chez lui pour s’éviter les foudres du manager. Why not. Je souris, et répondit du tac au tac :

« Ok deal. Par contre je te préviens, en lieu public on reste sages hein. J’ai pas spécialement envie de perdre mon visa pour atteinte à la pudeur et me faire interdire de séjour. »

Je plaisantais mais au fond je savais que la police était terriblement stricte avec les étrangers. Et je pouvais le comprendre : j’étais dans leur pays, et je me devais de me plier aux règles. Et si je ne les respectais pas, c’était plutôt normal d’être sanctionné. Même si l’idée de faire des bêtises en pleine nature pouvait être alléchante, il fallait raison garder. Après rien n’empêchait d’avoir quelques mains baladeuses discrètes hein … Juste … Être sur le qui vive et prêts à déguerpir en cas de patrouille nocturne.

Kannon avait commencé à rassembler ses affaires et je fis de même. Nous nous retrouvâmes debouts, face à face, et contre toute attente, il m’agrippa la main, m’attira vers lui et m’embrassa. Je répondis aussitôt à son baiser, me demandant pourquoi il avait attendu tant de temps avant de se manifester. C’était pas trop son genre. Mais j’appréciais de plus en plus ces contacts avec lui alors je me laissai aller un instant à ses lèvres. C’était agréable.
Après l’étreinte, je récupérai mon sac à main et vérifiai une dernière fois qu’on n’avait rien oublié. Ah si : mon verre. Je le buvai cul sec, histoire de bien me préparer pour l’euphorie de la seconde partie de la soirée.

« Allez, on y va ! »

Nous sortîmes du karaoké et commençâmes à marcher en direction de la colline de Sakuragaoka.