Q : Quel est ton rôle à Chûô ? R : J'enseigne depuis peu à Chûô dans la musicologie. Un domaine qui me fascine à un tel point, que j'ai eu ce besoin de l'enseigner.
Q : As-tu une autre activité à côté du travail ?R : Je fais partie d'un groupe de musique dans lequel je joue de la guitare. Il m'arrive également de chanter. Cela fait plusieurs années que nous jouons et faisons des représentations dans certaines salles de spectacle.
Q : Quel est l’endroit où on risque le plus souvent de te trouver sur le campus ?R : Le plus souvent dans ma salle de classe où j'enseigne la culture de la musique, mais vous pouvez également me trouver à la cafétaria des professeurs.
Q : A Chûô, est-ce que tu supervises clubs ou des cercles ?R : Avec mon autre emploi du temps, il m'est difficile de superviser des clubs ou des cercles. Cependant, il se peut que je vienne en aide à des collègues dans le besoin.
Q : Tu vis à Seiseki ou dans la capitale ?R : Je vis à Seiseki puisque j'y passe une bonne partie de ma vie, mais il m'arrive de m'absenter plusieurs jours avec mon groupe de musique.
Q : Tu te décrirais comment en quelques mots ?R : Je dirais que je suis un homme passionné. Mes élèves ont tendance à se plaindre de mon autorité et certains ou plutôt certaines d’entre eux, me surnomme Monsieur Grey. Allez savoir... mon charme fait son effet. Il est cependant hors de question que je m'aventure dans une relation avec eux ou mes collègues. J'aime séparer ma vie privée de mon travail. J'ai beau avoir des origines Thaïlandaises, je ne parle pas un mot thaïlandais. Je maîtrise plutôt l'anglais, langue avec laquelle, il m'arrive de chanter. Je suis un homme plutôt solitaire lorsque je ne suis pas en présence des membres de mon groupe. J'apprécie le fait d'être seul et de mener une vie comme bon me semble.
Q : Et finalement, dis-nous en un peu plus sur ton parcours jusqu’à aujourd’hui.R : Oui, ma vie aurait bien pu être meilleure, j'aurais pu faire de meilleurs choix, que cela soit familiale, amicale, mais le chemin que j'ai pris, n’a pas été aussi aventureux et joyeux que celui qu’a pris Alice. J'ai toujours vécu au Japon et je n'ai jamais eu l’occasion de mettre les pieds sur le sol thaïlandais. Quand est-il de la famille du côté de ma mère ? Elle m'en a jamais parlé. Je sais qu’elle a décidé de quitter la Thaïlande sous prétexte qu’elle ne s’y sentait plus à sa place. Elle était enceinte de mon père à ce moment-là. Pendant de nombreuses années, notre famille n'a pas vécu sous le même toit. Ma mère étant la maîtresse de mon père, il était hors de question qu’elle pointe le bout de son nez. Une situation que je n'ai jamais accepté. Ainsi, je connais peu mes frères et sœurs. Je sais tout simplement que l'un d'entre eux a repris l'affaire de la famille.
On vivait dans un appartement à Tokyo. Un nid cosy totalement financé par mon père. Le vieillard s'en mordant les doigts de nous délaisser, souhaitait que l'on soit bien traité. Chose totalement absurde, il n'a jamais pris la peine de vouloir bien me connaître. J'ai toujours ressenti de la haine à son sujet. A l'école secondaire, j'ai bifurqué dans la délinquance. Je recherchais sans doute un moyen de capturer l'attention de mon père. J'ai eu ce désir de m’imposer. J'ai délaissé ma scolarité afin de traîner avec ma bande d’amis. J'étais ce type aimant torturer ses camarades ou faire tourner en bourrique ses enseignants, je n'en suis pas fier. Non seulement je semais la zizanie, mais j'ai également plongé dans les substances illicites en arrivant à l'âge de la majorité. J'ai rencontré mon ex petit ami qui m'a davantage plongé dans cette merde.
Pendant ces années là, j'ai décidé de m'éloigner de ma mère. Je lui reprochais d’être faible, d’être une femme de l’ombre jusqu'au jour où mon père a fini par mettre un terme avec sa femme afin de ne se consacrer qu’à ma mère. J'ai refusé son offre de former une nouvelle famille. Une offre plutôt culottée de sa part, comme ci on allait vivre une vie de famille du jour au lendemain après toutes ces années de souffrances. Dans ce malheur ou plutôt leur bonheur, j'ignorais complètement que ma mère était souffrante. C’était également pour cette raison que mon père avait décidé d’être auprès d'elle.
Les choses s'envenimaient, les règlements de comptes entre bandes étaient de plus en plus récurrents. Mon père donnait tout son mal afin que je ne puisse avoir aucun casier judiciaire. C'est lors des derniers instants de ma mère, que j'ai vite compris qu'il fallait que tout cela cesse. Il m'a fallu également croiser la route d'un aîné pour me conduire sur le droit chemin. J'ai accepté la présence de mon père et je suis resté aux chevets de sa mère jusqu’à son décès. À cette époque, je lui jouais de la guitare. Cela l'aidé à l'apaiser et son sourire s'étendait lorsque je lui parlais de musique. Une fois éteinte, je suis reparti de zéro. Je me suis lancé dans la musique et j'ai formé mon propre groupe. Malheureusement, cela ne suffisait pas pour vivre. Si je souhaitais rester dans le domaine musical, je devais trouver un métier en lien avec.
J'ai entrepris des études pour devenir enseignant en musicologie et j'ai toujours refusé l’aide financière de mon père. Bien que nous gardons le contact, Je sais que nos rapports resteront formels. Désormais, je peux dire que je profite de chaque instant que la vie m'offre.