Je ne sais pas ce qu’il lui a pris. Ça ne lui ressemble pas de se sauver comme ça. Surtout après un spectacle. Quelque chose a dû l’effrayer. D’ailleurs je m’en veux de ne pas avoir vérifié que toutes les fenêtres étaient bien fermées. Après avoir sécurisé le reste de mon équipe à poils et à plumes, je m’en vais à la recherche de ma petite fugueuse, espérant qu’aucun chat errant ne lui aura mis la main dessus. J’espère également qu’elle n’est pas allée bien loin.
Dehors il fait frais et nuit. Il n’y a pas grand monde mais il faut dire qu’il est très tard. Comment retrouver une colombe en pleine nuit ? Désespéré, je regard autour de moi et c’est à cet instant que je l’aperçois un peu plus loin. Je l’appelle mais c’est complètement stupide. Vu la distance qui nous sépare, elle ne peut pas m’entendre. Je la suis sur plusieurs mètres avant de la voir disparaitre dans une ruelle. Je m’y engouffre et c’est là que je la vois installée sur le rebord de cette fenêtre. « Ne bouge pas Claire. Je vais te ramener à la maison. » D’ailleurs en sortant tout à l’heure, j’ai pensé à prendre sa petite cage de transport. Je la pose au sol et m’approche de ma colombe qui finit par entrer dans le bâtiment par la fenêtre entrouverte. Malgré moi, je lâche un juron avant de contourner l’immeuble, cherchant l’entrée que je ne tarde pas à traverser sans réaliser qu’il s’agit d’un bar sur le point de fermer. D’ailleurs je m’arrête net quand je vois Claire posée sur l’épaule de cette fille. J’étais tellement obnubilé à l’idée de récupérer ma colombe que j’en ai oublié que je pouvais tomber nez à nez avec un être humain. Cherchant mes mots, je ne sais quoi dire. Je reste là, à la fixer un peu bêtement, espérant seulement que Claire ne bouge pas son épaule.
Un soupir las franchit ses lèvres alors qu'elle nettoie l'une des tables du bar. Elle était totalement épuisée, mais comme toujours elle faisait de son mieux pour ne pas le montrer. Elle avait accepté de faire la fermeture du bar ce soir, un bar... Encore. Elle avait l'impression d'avoir fait un pas en arrière après avoir fait tant d'effort pour en sortir, mais elle avait besoin d'argent et son travail à la pâtisserie bien que le salaire soit correct ne lui suffisait plus. Car la jeune femme avait recommencé à aider son paternel, certes plus dans les mêmes conditions, mais pour elle, c'était tout comme. Elle était réaliste, son père en vie, elle n'arrêterait jamais réellement de vouloir faire quelque chose pour lui...
Rei était maintenant occupée à balayer le sol, les gens ne pouvaient-ils pas avoir un minimum de manière, boire et manger proprement était un concept pour eux dès qu'ils franchissaient les portes d'un bar et qu'importe ce que les gens pouvait dire, en fin de soirée, même le bar le plus branché avait un autre aspect une fois que toutes les âmes avides d'ivresse le temps d'un instant quittait les lieux, ce n'était plus aussi glamour. Trop perdue dans ses pensées, Rei ne remarque pas être observé depuis la petite fenêtre derrière du bar, par une petite bête curieuse, enfin elle ne remarque rien jusqu'à ce que des battements d'ailes parviennent jusqu'à son oreille et qu'un léger sursaut la prend alors que la dite bestiole se pose sur son épaule.
Une fois la surprise passée, Rei observe l'animal, une colombe si elle se réfère à son plumage « Bah alors toi, comment tu as fait pour atterrir là toi ? » Sa voix était douce et sans réel reproche. Son regard scrute la pièce pour observer une fenêtre ouverte « Je vois, c'est donc par là que tu t'es faufilé » La jeune femme avait un sourire doux sur les lèvres. Elle n'a aucunement le temps de dire quoi que ce soit d'autre que la porte du bar s'ouvre assez rapidement, pensant à un client elle se retourne « Désolée nous ne servons plus à cette heure-ci. » Elle devait avoir l'air un peu bête avec l'oiseau sur son épaule, mais elle se moquait bien de l'aspect qu'elle pouvait renvoyer, elle n'avait pas être brusque avec un animal sous prétexte qu'elle a l'air ridicule, surtout que le jeune homme fixait dans sa direction « Je peux vous aidez ? » Elle était intriguée, il ne parlait pas, et même si cela là m'était légèrement, mal à l'aise elle ne se montrait pas particulièrement hostile et en cas de besoin et saurait se défendre. « Vous avez besoin de... Oh » Il était rentré quelques instants après que la colombe ait atterri sur son épaule « Cette adorable petite créature est à vous ? » Dit-elle en caressant doucement l'oiseau du bout des doigts « Je crois qu'on est venu te chercher » Elle s'adressait à la colombe avec un air assez amusé. « Installez vous je vous en prie, je peux bien vous affrir un verre d'eau un soda ou un jus de fruit » Dit-elle la colombe toujours sur l'épaule. Si elle ne se trompait pas et que la colombe était bien à lui, il avait sûrement du lui courrir après un petit moment, elle alla d'ailleurs fermer la fenêtre pour que la petite bête ne s'enfuit pas à nouveau.
J’entrouvre les lèvres mais aucun son n’en sort et c’est elle qui s’adresse à moi en premier, m’informant que le bar est sur le point de fermer. Je crois que j’avais compris mais je ne suis pas là pour ça même si ça n’a pas l’air évident. Prenant une profonde inspiration par le nez et cherchant mes mots, je m’apprête à lui expliquer la situation mais elle me devance et semble parfaitement comprendre ce qui se passe. J’hoche la tête lorsqu’elle me demande si Claire est à moi. Je suis soulagé et je crois qu’un léger sourire se dessine sur mes lèvres. Je suis content que ma colombe aille bien. D’ailleurs je suis surpris qu’elle se montre si amicale avec cette fille. Ça me rend un peu jaloux et en même temps l’instinct animal est rarement trompeur alors j’imagine que si Claire s’est installée sur son épaule, c’est qu’elle se sentait en sécurité avec elle donc que cette fille est une bonne personne. « Elle, c’est Claire. » Je me suis immédiatement stupide d’avoir balancer ça comme ça et pour masquer ma gêne, je me contente de poser la cage de mon oiseau sur l’une des tables alors que la demoiselle m’invite à boire quelque chose. « De l’eau s’il vous plait. Je n’ai pas eu le temps de boire après le spectacle. » D’ailleurs je suis encore à moitié en costume de scène. Je n’ai enfilé que mon manteau par-dessus ma chemise et mon bas de costume. Clairement, je suis trop habillé pour un endroit comme ça mais j’avoue que c’est le cadet de mes soucis. « Elle s’est échappée par une fenêtre et je lui ai couru après. Merci de l’avoir recueilli. » Du regard je cherche la fenêtre par laquelle Claire est entrée. Il ne manquerait plus qu’elle repasse par là.