J’ai enfin terminé ma journée de cours à l’université. Comme ce n’était que le début de ma deuxième année, je n’ai pas grand-chose à faire en travail personnel. Du coup j’en profite pour rentrer tôt chez moi et ne pas rester réviser dans les salles de révision. Je n’ai eu que des leçons d’anglais dans la journée et ces cours-là me paraissent terriblement ennuyant. Je pourrais pratiquement demander à être dans une classe avec un niveau plus élevé mais je ne suis pas convaincu que ça soit spécialement possible. Et surtout je n’ai vraiment aucune envie d’aller dans des bureaux pour aller demander.

C’était une belle journée. Les journées commençaient à se faire de plus en plus chaude et de plus en plus belle, même si les fleurs des cerisiers commençaient vraiment à faner et par conséquent à tomber. Alors ce matin, j’ai décidé de partir en vélo pour l’université. Je ne suis pourtant pas spécialement sportif alors ça me permet de faire un peu d’exercice. Je prends mon vélo pratiquement tous les jours à la belle saison. Du moins sauf les jours de pluie, une bonne partie de l’hiver ou quand il commence à faire trop chaud et trop humide l’été. Il est hors de question que je sois complètement trempé de transpiration. Et puis surtout, ça me permet de faire des économies pour acheter soit du maquillage, soit des vêtements, soit des accessoires pour ma guitare.

Avant de partir de l’université, j’attache rapidement mes cheveux en queue de cheval et je regarde que mes affaires soient bien renfermées dans mon sac. Je mets les pans de ma longue chemise noire à l’intérieur de mon short, histoire que ça ne me dérange pas trop quand je roule. Je remonte bien mes chaussettes pour qu’elles ne me dérangent pas et je finis par installer mon sac sur mon dos de manière à ce qu’il ne bouge pas. Je monte sur le vélo et je commence à rouler tranquillement jusqu’à l’appartement que je partage avec mon frère. L’effort ne me dérange pas spécialement, je commence à avoir l’habitude de faire le chemin avec ce moyen de transport, même s’il me faut un moment pour arriver jusqu’en haut de la colline.

Je suis pratiquement arrivé à mon appartement quand je perds complètement le contrôle de mon vélo jusqu’à en chuter dans un grand fracas. Heureusement qu’il n’y a pas grand monde dans la rue pour remarquer ma douloureuse chute. Je pousse légèrement le vélo qui m’est tombé en râlant et je bouge, un à un, chacun de mes membres. A priori je n’ai rien de casser, juste un peu mal partout. Je finis par me relever en grimaçant et je commence à m’observer. J’ai des égratignures sur ma jambe gauche et ma chemise est trouée, laissant montrer ma peau. Je retiens des larmes en voyant le trou en me disant que ma chemise est définitivement foutue mais j’essaie de rapidement porter mon attention sur autre chose pour ne pas me laisser submerger par les émotions. Je pleurerai à la maison. Je regarde mon sac, à priori il n’a pas l’air d’avoir pris de dégâts. Je remets le vélo sur ses deux roues et je m’aperçois que la roue de devant est complètement à plat. Je pense que j’ai eu de la chance dans mon malheur, j’aurais pu me faire beaucoup plus mal. Mais je ne peux décidément pas rentrer comme ça à la maison. Mon frère me tuerait. Mais, je n’ai strictement aucune idée de comment réparer ce genre de choses. Je soupire et je regarde le salon de thé. Je finis par me résoudre à entrer à l’intérieur après avoir épousseter mes affaires. Peut être qu’il y aura une personne pour m’aider à l’intérieur.

- Excusez-moi ?

La journée a été longue et je n’ai pas chômé. Il faut dire que le salon de thé marche plutôt bien. J’en suis content car je ne vois pas les heures défiler. Et puis j’aime voir du monde, ça me change les idées et m’évite de broyer du noir. Car en dehors de mon salon de thé, je n’ai pas grand-chose pour remplir ma vie mais de toute façon où trouverais-je le temps pour d’autres occupations ? Quand le salon est fermé, je prépare mes gâteaux et autres douceurs que je servirais pendant les horaires d’ouverture. Une vraie routine qui ne prend fin que le dimanche, jour de fermeture.

Je raccompagne mes dernières clientes jusqu’à la porte de la boutique. Nous avons beaucoup papoté de tout et de rien comme souvent même si le sujet principale reste la pâtisserie. D’ailleurs, elles s’en vont avec un paquet bien fourni de mes créations. Sympathiser avec les clients aide à la vente, c’est bien connu.

Je les salue d’un signe de la main avant de relever les yeux vers le ciel. Il fait particulièrement beau aujourd’hui. Une belle journée dont je ne profiterais pas vraiment mais j’aime assez le confort de mon intérieur et c’est sans regret que je rejoins mon salon de thé. Il est vide à cette heure-ci et je vais pouvoir souffler un peu, mais également remettre de l’ordre ici et là.

Je viens à peine de terminer de nettoyer toute les tables lorsque j’entends la petite clochette de la porte d’entrée teinter. Je tourne la tête et adresse un sourire à mon nouveau client.
« Bonjour ! Entrez et installez-vous. Je suis à vous dans un instant. »
Je passe derrière le comptoir pour me laver les mains et poser mon éponge avant de me tourner vers le nouveau venu qui a particulièrement mauvaise mine. J’arque légèrement un sourcil puis lui demande tout en lui adressant un sourire rempli de douceur :
« Dîtes-moi ce que je peux faire pour vous. »

Je finis par me décider à entrer à l’intérieur du salon de thé. Je ne suis pas mécontent de ne voir personne mis à part le gérant. Mais d’un autre côté, ça réduit véritablement le fait de trouver une personne capable de m’aider à réparer mon vélo. Après le gérant est un homme. Alors peut être qu’il sait quand même faire ce genre de chose. Il m’invite à rentrer mais je n’ose pas trop m’approcher. Je sors ma chemise de mon short, espérant que ça cache un peu les dégâts sur ma jambe mais ce n’est pas vraiment du meilleur effet. J’ai peur de me faire juger. Je finis tout de même par faire quelques pas pour rentrer un peu plus dans l’établissement. S’il pensait que j’étais un client, j’en suis vraiment désolé pour lui. Je ne peux pas me présenter comme ça dans un salon de thé. Je commence à bafouiller quand il me demande ce qu’il peut faire pour moi.

- Hum… Et bien…

Décidément je n’arrive pas à parler. Pourtant ce n’est pas si compliqué de demander un service. Mais c’est plus fort que moi. Mes doigts viennent attraper les pans de ma chemise abimée et commence à la triturer nerveusement. Bon, prend ton courage à deux mains Sakito et demande lui. Il te sourit et il n’a pas l’air si méchant que ça non ? Je reprends ma respiration, ferme un instant les yeux et je me finis par rouvrir ma bouche.

- Est-ce que vous vous y connaissez en réparation de vélo ? J’ai crevé et je ne sais pas le réparer… Est-ce que vous pourriez m’aider s’il vous plait ?

Je commence à paniquer. J’ai laissé mon vélo dehors sans surveillance et sans attacher le cadenas. J’espère que je ne me ferais pas taper sur les doigts pour ça. Du coup je me retourne pour regarder vers la sortie. A priori mon vélo est toujours là où je l’ai laissé. Ouf tant mieux. Ça deviendrait vraiment problématique si je rentre carrément sans vélo.

- Si je le ramène comme ça mon grand frère va me tuer…

Bon c’est mon vélo et j’en fais ce que j’en veux. Mais je ne suis pas du genre à casser mes affaires et j’ai tout de même peur de sa réaction. Tellement que j’en oublie les douleurs de ma chute.

Il semble un peu timide et je lui adresse un sourire pour l’encourager. Il n’y a de toute façon personne d’autres donc on peut dire qu’il a le droit à toute mon attention mais également à tout mon temps même si petit à petit je commence à comprendre qu’il n’est pas un client ordinaire. Il a l’air un peu pâle et son look négligé ne semble pas naturel, comme l’accro à son vêtement.
« En réparation de vélo ? »
J’arque un sourcil de surprise avant de lui sourire en retenant un soupir :
« Et bien… je ne suis pas un expert mais je veux bien t’aider. »
Je lui montre la salle vide et ajoute :
« Comme tu peux le voir, j’ai tout mon temps. »

Je contourne le comptoir et le rejoint dans la salle avant de le suivre à l’extérieur. Son vélo a effectivement crevé et la chaine semble être légèrement sortie de son rail. À priori ça n’a pas l’air grave ni compliqué.
« Ok, on ne va pas pouvoir faire grand-chose en restant dans la rue. Attends-moi ici. »
J’entre dans le salon pour y déposer mon tablier mais également pour y prendre mes clés ainsi que l’écriteau sur lequel il est inscrit que je reviens dans dix minutes et qu’en cas de besoin, il faut sonner au portail d’à côté. Il s’agit en fait de l’accès à la cours. Elle permet d’aller dans le jardin mais également d’accéder à mon habitation sans avoir à passer par le salon de thé. C’était par là que je rentrais chez moi à l’époque où mes parents tenaient leur restaurant ici. C’était plus simple que de traverser la salle.  

Je verrouille la porte du salon de thé puis lui dit :
« On va le déplacer dans le jardin et on va voir ce qu’on peut faire. Tu viens. »
Je lui fais signe de me suivre jusqu’au portail en bois sur lequel est inscrit mon nom de famille, juste à côté de la boite à lettre et de la sonnette. C’est d’ailleurs également par ici que je réceptionne les livraisons pour le salon de thé.

Je ne peux pas m’empêcher de relever la tête pour voir les réactions de mon hôte. J’espère malgré tout qu’il me dira oui même s’il n’en est pas du tout obligé. Sinon je vais être obligé de trouver quelqu’un d’autre et me ridiculiser de nouveau. Surtout qu’il n’y a pas de magasin spécialisé là où j’habite avec mon frère. Je pourrais toujours demander au combini sur le chemin mais en général ils sont toujours surbookés et ils ne sont pas spécialement là pour ça. Finalement le gérant du salon de thé est prêt à m’aider. Je lui fais un grand sourire quand il me dit qu’il veut bien aller voir.

- Merci beaucoup Monsieur. Je suis vraiment désolé de vous déranger.

Je m’incline bien bas pour le remercier de son geste. Ce sont des choses que j’ai eu du mal à apprendre à cause de mon éducation anglaise. Ce n’est pas spécialement naturel pour moi même si ça fait déjà quelques années que je vis ici. Je finis par ressortir du salon de thé accompagné du gérant et je lui montre mon vélo. J’attends son diagnostic avec impatience, en tout cas cet incident ne me donne plus envie d’aller à l’université à vélo. Du moins… Pas dans l’immédiat. Il me dit de l’attendre ici et je comprends qu’il veut bien m’aider à le réparer.

- Encore merci…

Je ne sais pas comment je ferais sans lui. Je tiens mon vélo le temps qu’il dépose son tablier et récupère les clés qui ouvre le portail. Je me demande s’il vit ici. Je n’en suis pas convaincu mais c’est possible. En tout cas je n’irai pas lui demander. Ce genre de détails est bien trop personnel, déjà qu’il me laisse un peu rentrer dans son intimité. Il finit par revenir rapidement et je hoche la tête quand il me demande de le suivre. C’est certain que ça sera beaucoup mieux dans la cour qu’en plein milieu de la rue.

- Oui je viens !

Je porte le vélo jusqu’à l’intérieur de la cour où nous nous installons. J’ai beau avoir un physique assez féminin j’ai tout de même de la force et des muscles. Il en faut bien pour faire de la musique et tenir une guitare pendant des heures. D’ailleurs ça me manque énormément et je n’ai pas eu le temps de pratiquer depuis la rentrée des classes. Je tiens mon vélo en place pendant qu’il regarde mon vélo. J’espère que ce n’est pas grand-chose. Mais ça ne me pose aucun problème s’il faut que j’aille acheter des pièces pour le vélo tant qu’on arrive à le réparer.

- Ça fait longtemps que vous tenez le salon de thé ? Ça sentait bon dedans...

Autant apprendre à connaitre un peu mieux l’homme qui a décidé de m’aider. Je passe quasiment tous les jours devant et je n’avais jamais fait attention au salon de thé. Par contre il me semble déjà avoir vu le gérant à quelques reprises.

J’ouvre la marche et le laisse me suivre avec son vélo à l’intérieur de ma petite cour. Nous nous installons dans un coin d’ombre et je m’accroupis pour tenter de remettre sa chaine à sa place.
« Mmm… oui quelques temps déjà. C’était le restaurant de nouille de mes parents autrefois mais je ne me sentais pas de reprendre leur affaire. J’ai préféré me lancer dans quelque chose que je maitrise un peu plus comme la pâtisserie et les biscuits. »
Je lui adresse un sourire avant d’ajouter :
« Tu viendras prendre un thé après, ça te fera du bien. Tu me donneras aussi ton avis sur ma dernière création. »
Je suis toujours à la recherche de nouvelles recettes qui pourraient surprendre mes clients. Je pense que c’est ce qui fait le succès. C’est en tout cas ce qui me permet de ne pas m’ennuyer. Et puis cuisiner me permet de me détendre. C’est quand même une occupation bien plus saine que ce que je faisais autrefois…
« Bon, je vais avoir besoin de quelques outils. Ne bouge pas. »
Je me lève puis file vers le garage qui se trouve au bout de l’allée. Je ne conduis pas. Je n’ai pas non plus de voiture alors on va dire que ça me sert surtout à stocker tout un tas de bricole plus ou moins utiles.

Je mets plusieurs minutes à trouver ce que je cherche mais je finis par mettre la main sur un tournevis, une pince ainsi qu’une pompe à vélo. Avec ça je devrais pouvoir le dépanner.

Lorsque je reviens à ses côtés, je lui dis :
« Je ne suis pas un pro. Alors ça sera du bricolage et du provisoire. Je te conseille d’aller voir un vrai réparateur pour être certain que tout est bon. »
À l’aide du tournevis, je soulève la chaine et la remet bien dans son axe. Finalement je n’avais pas besoin de la pince.
« Je vais gonfler le pneu et on va le laisser reposer un peu pouvoir s’il se dégonfle ou pas. »
Pendant l’attente, je lui offrirais un petit thé, quant à son vélo, il pourra le laisser ici. Personne ne le lui piquera. Il pourra le récupérer avant de partir tout à l’heure.

Je le laisse me raconter l’histoire de son salon de thé. A priori c’est une histoire familiale, même si ses parents ne faisaient pas du tout la même chose que lui. Je trouve ça vraiment bien qu’il ait repris les rennes du restaurant même s’il en a fait quelque chose à son goût. Ca ne sert à rien de se forcer dans quelque chose que l’on aime pas et dans lequel on ne pense pas être doué. Personnellement j’ai choisi la facilité en voulant faire de la traduction. Par contre je ne comprends pas du tout quand il décide qu’il faut que je vienne prendre le thé et manger ses dernières douceurs sucrées. Normalement ça devrait être à moi de lui offrir quelque chose pas le contraire non ?

- Hein ? Vraiment ? Je peux rester un peu ici ?

Je ne suis pas vraiment certain d’avoir compris. J’ai bien envie de tester des petites douceurs mais en même temps j’aimerai bien que les gens évitent de me voir comme ça. Mais bon je peux toujours me cacher dans un coin du salon de thé. Il faudra d’ailleurs que je réfléchisse à ce que je peux lui ramener pour le remercier de m’aider comme ça. Je le regarde faire sans rien dire, essayant de retenir ce qu’il fait, ça pourrait toujours me servir. Je hoche doucement la tête et je le laisse partir chercher les outils sans rien dire. Décidément il se plie vraiment en trois pour moi. Il finit par revenir avec une pince, un tournevis et une pompe à vélo.

- Ce n’est pas grave si ce n’est pas totalement réparé… J’irai voir ce week-end un professionnel.

Je n’aurais pas spécialement le temps demain ou après-demain avec la faculté. Au moins ça me fera une sortie en ville ce week-end. J’avais prévu d’aller à Tokyo samedi mais j’irai plutôt dimanche. Ce n’est pas très grave. Même si je n’y vais pas du tout. Finalement il ne lui faut que très peu de temps pour remettre la chaîne en place et regonfler la roue avant de mon vélo. J’ai vraiment honte, ça a l’air tout simple. Il doit se dire que je suis vraiment idiot.

- D’accord.

Je suis tout de même rassuré de ne pas laisser mon vélo en plein milieu de la rue. Bon j’ai toujours mon cadenas sur moi, comme j’en ai besoin pour la faculté, mais ça me rassure si je peux le laisser chez lui. Je le laisse gonfler la roue du vélo et je le pose contre le mur. Je l’attends à côté de mon vélo le temps qu’il aille ranger les outils qu’il a sorti. Je sors ensuite du jardin et j’attends devant l’entrée du salon du thé. Je le suis à l’intérieur. Ma première envie c’est d’aller me mettre dans le coin le plus sombre mais comme il m’invite je vais rester à une des tables proches du comptoir.

- Merci beaucoup… Vous n’êtes pas obligé de faire tout ça pour moi vous savez…

Je me sens vraiment redevable et je le regarde s’activer pour me faire un thé et me préparer une assiette avec ses dernières douceurs.

- Je ne sais même pas comment je pourrais vous remerciez…

Sans attendre, je regonfle son pneu, l’observe un instant pour voir s’il se dégonfle tout de suite. On dirait que ça tient pour le moment. On verra bien quand il reviendra le chercher tout à l’heure. En tout cas, j’ai fait tout ce que j’ai pu à mon niveau. Un professionnel fera ça bien mieux que moi.
« Bon, je ne peux rien faire de plus. »
Je lui adresse un sourire puis rassemble mes outils avant de les ranger dans le garage. Une fois fait, je le rejoins devant le salon de thé que je ne tarde pas à déverrouiller.
« Viens, entre. On sera mieux dedans. »
Je l’invite ensuite à s’installer à l’une des tables près du comptoir avant de passer derrière pour lui préparer une bonne tasse de thé. Je crois que ça lui fera du bien après les émotions qu’il vient de se faire. Alors que le thé infuse, je prends une assiette et la garnie d’un peu de tout. De toute façon il s’agit de mes invendus de la journée alors autant en profiter. En plus vu l’heure, je doute d’avoir d’autres clients avant la fermeture.
« Ne t’en fait pas pour ça. Tu n’auras qu’à me faire de la publicité et revenir avec tes amis. »
Une fois le thé prêt, je nous serre une tasse chacun, puis viens m’installer à table avec lui.
« Tiens, goûte ça. Tu me diras si ça te plait. C’est moi qui les ai préparés. C’est de la pâtisserie alors je ne pourrais pas les vendre demain. Ils ne seront plus aussi bons. Alors mange-les sans scrupule. »
Ce n’est pas comme avec les cakes ou les biscuits qui se conservent bien et qui sont même bien meilleur le lendemain. La pâtisserie et surtout ces petites douceurs que je nous ai servies, elles doivent se manger le jour même.
« Alors, tu habites dans le quartier, c’est ça ? »

Ce n’est pas régulier pour moi de mettre les pieds dans un salon de thé même si j’en ai toujours beaucoup aimé l’ambiance. C’est agréable et c’est en général assez calme. Ca va bien avec une partie de ma personnalité. Celle qui a besoin de repos avant l’action. Depuis que j’ai commencé les cours à l’université je n’ai pas vraiment pris le temps d’y aller et de profiter alors qu’avec mes parents il nous arrivait d’y aller de temps en temps. Je le regarde me mettre un certain nombre de gâteaux sur une assiette pendant que le thé infuse. J’espère bien qu’il va m’aider à finir tout ça. Je suis gourmand mais il a l’air d’en mettre quand même pas mal. Je hoche la tête avec un grand sourire.

- Oui je vous ferais de la pub ! Je connais quelques personnes qui pourraient être intéressées et j’en parlerai à mon grand frère.

Je le laisse revenir avec un plateau plein de douceur et deux tasses de thé. Il ne fait pas très froid mais je crois qu’après toutes ses émotions je ne suis pas contre une boisson chaude et réconfortante. Surtout que d’ici je trouve que ça sent très bon. Je suis tout de même rassuré qu’il s’installe en face de moi et qu’il ne me laisse pas tout seul. C’est tout de même mieux de ne pas être seul. Et puis au moins je vais pouvoir découvrir un peu la personne qui me rend tant de service et qui prend soin de moi.

- D’accord je vous donnerai mon avis. Vous faites vraiment tout ça tout seul tous les jours ?

J’avoue que je n’ai pas beaucoup d’idée de la quantité de travail que ça peut représenter mais surtout ce n’est pas les seuls qu’il a du faire puisqu’on est en fin d’après midi et qu’il a du avoir un certain nombre de client. Surtout qu’il doit surement s’occuper du ménage et des achats. Ca fait une sacré quantité de travail. Je regarde les pâtisseries devant moi. Il y a du choix et j’avoue que je ne sais pas trop ce que j’ai envie de manger en premier.

Tout me fait terriblement envie. Alors pour ne pas avoir à choisir, j’attrape ma tasse de thé et je glisse mes autours pour l’approcher de ma bouche et en boire un petit peu. En tout cas le thé est aussi réconfortant que je le pensais. C’est agréable. Je repose ma tasse sur la table et je hoche la tête.

- Oui j’habite avec mon frère un petit peu plus haut. Il doit même pas y avoir 2 minutes en vélo je pense.

Il faut peut être un peu plus à pied mais ça ne me dérange pas de marcher. J’ai l’habitude et ça me permet de garder la forme de faire du sport. Surtout que je ne suis pas le plus grand des sportifs. Des fois je me dis que j’aimerai bien habiter au niveau de l’université comme certains de mes amis mais en même temps j’apprécie le calme du quartier. Il est beaucoup moins animé mais ce n’est pas plus mal.

- Tout à l’air vraiment bon… Je ne sais pas quoi choisir…

Je ne lui demande pas de choisir pour moi. Mais je me demande s’il faut que je commence par ce que je préfère ou alors garder ce que je préfère en dernier. Finalement je finis par choisir la pâtisserie à base de chocolat. Je le rapproche un peu plus de moi et je plante ma petite cuillère à l’intérieur pour goûter. Un sourire satisfait orne mes lèvres une fois la bouchée avalée.

- C’est trop bon ça !

Finalement je n’hésite plus du tout et je reprends ma cuillère pour en reprendre une bouchée. Si je ne me contrôlais pas je serais capable de tout manger d’un coup. Mais je me retiens pour ne pas aller trop vite et en garder un peu. Alors je reprends un peu de thé pour aller avec. L'émotion monte rapidement en moi et il y a quelques larmes qui ont envie de tomber du bord de mes paupières. Manger c'est comme la musique, ça me fait ressentir pas mal d'émotions.

- Et le thé est vraiment bien choisi pour aller avec ! Vraiment merci beaucoup.

« Oui, je prépare moi-même la plupart des choses que je vends ici. C’est disons ma passion. Il y a beaucoup de recettes inédites et revisitées que tu ne trouveras nulle part ailleurs. J’espère que tu trouveras tout ça à ton goût et n’hésite pas à être sincère si tu n’aimes pas. »
Cet endroit est véritablement ma passion pour ne pas dire toute ma vie. Ce n’est pas facile tous les jours de m’occuper de tout et je m’accorde rarement du repos mais c’est gratifiant et c’est bien plus sain que la vie que je pouvais mener autrefois.

J’esquisse un sourire lorsqu’il m’apprend qu’il vit avec son frère un peu plus haut. Ils ne sont jamais venu ici mais peut-être que j’aurais l’occasion de les compter désormais dans ma clientèle. Qui sait ? Dans tous les cas, je pense qu’on sera amené à se recroiser puisqu’on vit dans le même quartier.

Mon sourire s’étire un peu plus lorsqu’il semble hésiter sur quoi manger. De mon côté je porte ma tasse à mes lèvres avant de tendre la main verre l’assiette, piochant un peu au hasard. Ça devrait l’aider à se lancer. De toute façon avec tout ce que je nous ai servi, il a le choix. Finalement, il se décide et je suis content qu’il apprécie ce que je lui ai offert. Il faut dire que je me donne du mal tous les jours pour préparer les meilleures douceurs possibles.
« Je suis content que ça te plaise. Rien ne vaut une bonne pâtisserie pour chasser ses soucis. Au fait, j’ai oublié de me présenter. Je m’appelle Imai Hatsuharu. Et toi ? »
Il me donne son nom et nous voilà officiellement présenté.