Le futur peut changer à l’improviste et prévoir une voie à laquelle personne ne pensait franchir. Qui sait ce qui peut arriver à vous deux dans ce contrat, l’un finit par être beaucoup plus proche de l’autre et développe un attachement qui n’était pas présent initialement. Étrangement, tu ne te sentais pas inquiète de cette situation, vivant au jour le jour, tu te laissais emporter par toutes les distractions possibles.

Prise à l’inattendu, Jun te complimente, ton regard se tourne vers lui avec un air agréablement surpris par sa spontanéité. Vous deux, vous vous connaissez que peu et pourtant il se révélait beaucoup plus facilement que toi sur le coup. Se justifiant aussitôt par sa remarque, il s’était recroquevillé. Plusieurs possibilités de répondre à ceci, mais de toutes, tu lâches un petit rire enfantin et répondit : « C’est très gentil de ta part, tu n’es pas mal dans ton genre tu sais. ».

Finissant de boire ton cappuccino et de manger ta crêpe, tu ajoutes avec une petite tape amicale sur son épaule : « Ne te mets pas dans un état pareil, certes tu m’as surprise, mais j’aime bien que tu exprimes directement tes pensées. », lui souriant clairement.

Peut-être qu'elle essayait simplement d'être gentille, c'était la raison pour laquelle elle m'a retourné un compliment. Je souriais très légèrement à sa remarque puisque je n'y croyais pas vraiment, mais la délicatesse était là.
Contrairement à d'autres garçons, je n'étais pas à fond sur mon physique. Je ne mettais pas des produits le matin et le soir sur mon visage. Je ne faisais pas plus attention à ce que je mangeais. Depuis l'enfance, je faisais du sport et j'ai toujours été très actif. Du coup, je maintenais une ligne sportive.

Par contre, sa deuxième interaction me fit beaucoup plus réagir, de l'intérieur. En général, j'étais assez discret, toutefois, il est vrai que j'avais tendance à être direct quand je parlais. Et parfois, comme quelques secondes auparavant, il m'arrivait de sortir vraiment ce que j'avais au fond du cœur. C'était ma petite maladresse.

" Merci. " Je hochais le visage timidement. Quelques secondes se sont écroulées dans le silence. Je regardais le paysage et le soleil qui se faisait de moins en moins rayonnant. " Les cours se passent bien ? " Je n'étais pas des plus doués pour trouver des sujets de conversation surtout quand je ne connaissais pas la personne. Deux jours auparavant, je m'étais dit que je devais essayer de mieux connaître Hanami. Être un peu plus proche d'une personne permettait au temps de s'écouler plus rapidement et à me mieux l'apprécier, non ... ?

Tu n’as jamais pris le temps d’observer Jun, mais en y repensant bien il n’était pas si vilain, plutôt plaisant. Sentant que ton regard devenait un peu trop fixant sur ton partenaire, tu détournes les yeux et constate que le soleil se fait moins briller. Sous une tonalité sincère, tu dis : « Tu devrais avoir plus confiance en toi, je pense que tu trouveras ton idéale facilement. ».

Lançant une conversation afin de faire plus ample connaissance, tu expliques : « J’ai fait connaissance d’une certaine Yume qui m’aide à améliorer mes compétences en art. Elle est très ouverte, si je dois la décrire. Les cours arrivent à se maintenir bien que ce soit épuisant ces derniers temps… ».

Épuisant sans compter ton emploi sur le côté et les heures supplémentaires, cependant tu étais assez satisfaite du résultat et tes notes ne flanchaient pas encore…


« Tu n’as pas trop de difficultés de ton côté, c’est bien ta dernière année, non ? Tu es impatient de dire au revoir à cela ? ».

Mon idéal ? Pour moi, je l'avais déjà trouvé. Dans mes pensées, mon idéal était ma professeure de musique justement. Sauf que je ne lui avais toujours pas déclaré ma flamme et je ne pensais pas le faire. Jamais. Je savais qu'entre nous deux, c'était impossible. Peut-être était-elle même avec un homme, déjà en couple. Je ne savais pas grand-chose sur sa vie personnelle. J'avais naturellement éprouvé des sentiments pour cette femme et ils étaient, encore, aussi forts dans ma poitrine.
Je ne pris pas la peine de poursuivre ce sujet de conversation. La confiance en soit, c'était complexe et un travail personnel à réaliser. J'avais pris l'habitude d'être seul, occupé et bloqué dans mes rêves. Être en couple n'était pas une priorité pour moi. Néanmoins, je ressentais l'envie de découvrir de nouvelles choses, faire des expériences. Mes souhaits derniers étaient d'ouvrir davantage mon esprit. À savoir qu'il était déjà rare que je passe du temps à l'extérieur, comme en ce moment même, en plein jour. J'étais une personne qui vivait plus de nuit, car je m'y sentais plus à l'aise. Le soir, les frontières qui nous entouraient étaient moins perceptibles et je pouvais davantage imaginer les environs. Je n'étais pas un casseur ou un dragueur une fois la nuit tombée, mais un rêveur.

Yume... ce prénom me fit revenir à la réalité en me faisant discrètement grimacer. Hanami connaissait aussi cette fille ? Souvent, je me demandais pourquoi le monde était aussi petit. Les choses avaient trop tendances à se rapprocher et sans mon consentement. Forcément et presque malheureusement, le monde ne dépendait pas de mes désirs et de mes envies.

" Je ne sais pas vraiment... Je suis dans l'art depuis que j'ai... cinq ans. J'en fais par habitude, mais... je me demande en ce moment si c'est vraiment ce que je veux faire. " Une différence était bien présente entre faire les choses par habitude et faire les choses par envie. Et dernièrement, je ne savais plus si je faisais l'art pour l'un ou pour l'autre.

La conversation pouvait paraître maladroite et sans doute que ta façon d’exprimer tes pensées l’était. Après tout, les débuts restent toujours gênants quand vous ne savez pas quoi parler ou faire et que ce n’est absolument pas fait naturellement… Observer le monde extérieur, s’adapter, se méfier de ceux qui s’approchaient de toi et surtout laisser un autre garçon autre que ton propre frère entrait dans ton quotidien, c’était quelque chose d’assez impensable si on n’y pensait pas. La première fois que tu agis sans compter sur ton frère et que tu daignes à sortir de ta carapace plus souvent. Tu tournes ton regard songeur sur Jun et repensant à l’idéal, toi-même ignore encore ce qui définit vraiment ton esprit apparenté si ce n’est qu’il est totalement loin d’être un saint. Le cœur choisit que la raison ignore et fait taire toute logique.

Ecoutant attentivement les dires de ton compagnon, tu rebondis sur le fait qu’il ne savait plus quoi vraiment faire. « Ouvrir plusieurs horizons, faire une pause entre les deux afin de savoir que ça nous manque. Parfois je me force à plonger l’esprit dans le vide le plus total pour entendre clairement si j’aime ce que je fais. ».

Une façon pragmatique de répondre, ne sachant pas si cela paraissait claire ou si c’était une réponse attendue, mais tu ne voyais pas comment exprimer autrement. Après un moment de silence, tu réfléchis et par curiosité sans filtre, tu sors : « Est-ce que ça fait de moi une mauvaise personne si je donne de l’amour à ceux qui le sont ? ».

C'était effectivement mon but dernièrement de tester de nouvelles choses. Je voulais toucher, respirer, voir et écouter ce que je ne connaissais pas ou peu à l'heure actuelle. Je souhaitais me bousculer, presque à me faire chavirer vers un bord encore inconnu parmi mes expériences.
Dernièrement, je participais beaucoup à des événements de l'université, je m'impliquais beaucoup dans la vie étudiante. Pourtant, je n'étais pas des plus sociables et des plus à l'aises dans les échanges avec autrui. Toutefois, après le lycée, j'avais voulu me tester et m'ouvrir à certaines activités. En quelque sorte, jusqu'ici, ça m'avait été bénéfique pour faire de nouvelles rencontres. Question changement professionnel, aucun changement s'opérait.

Je finissais enfin ma boisson qui n'était plus très chaude depuis. Ma langue fit le tour de ma bouche et j'ai eu un goût de sucre. Mince, je ne l'avais peut-être pas assez bien essuyée toute à l'heure. Quel imbécile.

Je réfléchis par rapport à la question de Hanami. " Non. C'est la perversité de l'Amour. Ça nous tombe dessus sans qu'on ne le choisisse parfois. " Cette partie était sympathique, compatissante et agréable à attendre, sauf qu'il y avait une suite, moins désirée. " Tout dépend le pourquoi, tu aimes cette personne. " Si c'était pour les traits malfaisants de la personne, dans ce cas-là, il fallait se remettre en question.

Aimer une personne, mais on ne demande pas toujours pourquoi on est tombés amoureux de cette dernière, on ne réfléchit pas sur le moment pourquoi c’est elle et pas une autre… L’amour ne se choisit pas, toute cette histoire de molécule telle la dopamine et les lois d’attractions apportent son lot. Considérablement attirée par le meilleur ami de ton frère à l’instant que tu l’as vu, à force de le voir tu savais que son humour et ses mimiques étaient quelque chose dont tu appréciais le plus chez lui. Mais une personne victime de ton frère pouvait-elle comprendre le fait que tu puisses trouver de bonnes choses chez les mauvaises personnes ?

En réalité, le pardon dans ces cas n’était pas ta demande car tu ignorais encore bien des choses sur les conflits et tu évitais soigneusement de ne pas t’y fourrer. Cependant, tu espérais que cette histoire de contrat et si jamais vous aviez le malheur de trouver votre frère en train de vous surprendre… Que cela ne se termine pas dans un terrible carnage…

Te redressant et réveillant tes songes, tu finis par répondre à sa réponse : « C’est vrai, on ne choisit pas vraiment qui on aime… J’aime bien me persuader de voir le bon chez les gens aussi idiots que c’est. ». Soupirant un instant avant de préciser : « Cependant, je ne suis pas naïve qu’on pourrait le croire. ». Ton regard fixait sur Jun, comme si tu tentais de transmettre un quelconque message.

Bien sûr que non, ce n'était pas du tout idiot. J'avais tendance à faire de même, si naïf et trop gentil. Pendant trop longtemps, je m'étais fait marcher dessus, car je donnais tout. À la fin, je finissais blessé et démuni de toute amitié. Suite à de nombreuses blessures du genre, j'avais décidé d'être plus distant avec les gens. Oui, je n'étais pas le garçon le plus tactile, le plus proche et sociable du coin. Néanmoins, quand je connaissais assez bien une personne en me jugeant capable d'être plus à l'aise avec celle-ci, alors j'étais capable de lui offrir le monde entier. J'étais impulsif dans mes relations et il fallait, pour mon bien, que ça cesse.

Suite à son annonce, je la regardais dans les yeux un petit moment. Je ne doutais pas d'une seule seconde ses dires, je n'avais jamais pensé d'elle, qu'elle était naïve. Il n'était pas bien de juger comme je vais le faire, mais étant la sœur de Kannon, le contraire m'aurait surpris. Kannon était loin d'être naïf... Je ne l'avais pas encore dit à Hanami, mais il est vrai que je me méfiais d'elle pour le moment. Elle n'était pas liée à l'histoire de son frère et moi, mais ma haine contre lui était tellement grande, qu'elle s'éparpillait pour toutes les personnes portant le nom de famille Hirabayashi.

" Si nous continuons notre petite marche ? " Je pensais à faire le tour avec elle du parc, de quoi se défouler un peu, prendre l'air. Puis, chacun reprendra sa route. J'avais toujours des "devoirs" à faire et il valait mieux que je ne prenne pas de retard sur mon emploi du temps.

Je me levais du banc et jetais à la poubelle mes déchets. Je frottais mes mains l'une contre l'autre tout en continuant ma marche. Je me retournais voyant qu'elle ne suivait pas. Puis, en la regardant faire comme moi, je prévoyais déjà notre prochain rendez-vous. " Est-ce que tu veux venir bosser le dessin, chez moi ? " Quand je disais chez moi,  je parlais de ma chambre étudiante, c'était l'endroit où je résidais à Seiseki.

Tu ne doutais pas un seul instant qu’il était possible de se lier difficilement à quelqu’un et encore moins quand cette dernière pouvait avoir deux faces, certaines se révèlent être l’identique d’une pièce de monnaie et d’autres des contrefaçons. Dans ton cas, tu ne te mouillais pas dans de sales affaires et était encore épargnée pour un petit moment… Répondant à Jun : « Allons-y, profitons encore un peu de ce beau temps. ». En effet, le froid allait bientôt geler certaines zones et les arbres avaient déjà défleuries, parsemant toutes les feuilles et restant à découvert en permanence sans aucune protection. Songeuse, tu te lèves un peu après que ce dernier est pris de l’avance.

Observant l’attitude de ton compagnon. Je me demande si cela ne va pas être une terrible erreur… Ce qui est fait, est fait. Suivant son exemple, mettant tes déchets dans la poubelle, tu le rejoins aussitôt pour répondre à la prochaine planification. « Cela me semble une bonne idée, je t’enverrai un message pour te confirmer et éviter les croisements avec Tu sais qui. ». Ton frère pouvait te rendre visite sur le campus, mais si vous étiez prudents, tu savais qu’il ne penserait pas en priorité à la chambre résidente de Jun.

Marchant aux côtés de celui-ci, la parole vient alors : « Nous pouvons dire que notre duo se déroule bien et sache que quoiqu’il arrive, je m’assure de rester sur notre ligne de conduite. ». Comme pour bien confirmer que tu savais dans quoi tu t’engageais et que tu n’envisageais pas la possibilité d’aller plus loin.

Tous les deux, nous ne savions pas ce que ce contrat allait donner. J’essayais de penser au présent et non au futur. Lorsque je lui avais proposé cette idée, c’était pour notre bien et non le contraire. J’espérais vraiment qu’elle n’allait pas empirer notre situation actuelle. Ce n’était déjà pas simple d’aimer quelqu’un et que la personne ne nous aimait pas en retour. Le sentiment de solitude nous égorgeait. Pour ma part, j’avais tendance à me croire incapable, bon à rien et inintéressant aux yeux des autres. Oui, ce contrat ne devait pas amplifier ces émotions. Il était comme une sorte de catharsis. Une manière de nous défouler secrètement.

Un couple venait devant nous. Les deux personnes se tenaient la main. Ils semblaient très complices. *Aaah...* Je soupirais en pensant à mon ancienne professeure. Si seulement je pouvais la retrouver et me promener avec elle ainsi, moi aussi. Je les enviais beaucoup.

Hanami me détacha de la jalousie en acceptant mon invitation. À son “Tu sais qui”, je riais discrètement en cachant le visage vers le bas. Elle me faisait rire en nommant son frère ainsi. Elle avait raison, il avait une ressemblance machiavélique avec Voldemort. Ils étaient tous les deux manipulateurs et pervers. Les nerfs se contractaient à nouveau en y pensant.

À propos du contrat, j’espérais vraiment qu’elle n’allait rien dire à personne. Pour l’instant, je voulais que cette relation reste secrète. Nous étions un faux-couple, rien d’officiel. Et clairement, ce n’était pas dans mes plans de me fixer avec quelqu’un immédiatement. “ Il faut que notre relation reste secrète, que ça reste entre nous deux. “ Un secret assez étrange et qui paraissait être assez pervers en y pensant...