Shôji n’était pas du genre à apprécier trancher quand on lui demandait son avis. Ainsi, quand il partageait les responsabilités des choix avec Livia, ça le dérangeait un peu moins. Ils se mettaient facilement d’accord, comme si leurs idées et leurs façons de penser étaient toujours complémentaires. C’était fou de s’entendre aussi bien avec quelqu’un, même avec ses collègues canadiens, ce n’était pas aussi fluide.

« Quoi, tu aurais osé me spoil ? Méfie-toi, tu joues sur un terrain dangereux là. »

Des menaces qui ne seraient de toute façon pas mises à exécution, car même s’ils adoraient se charrier, ils ne se permettraient peut-être pas une telle vacherie. Ce serait motif à disputes voyons. Mais d’ailleurs, ils ne s’étaient jamais disputés, du plus loin qu’il se souvienne. En même temps c’était assez difficile de se disputer à distance, surtout quand on ne s’était jamais rencontré. A moins que l’un ait ghosté l’autre sans raison ni explication, mais cela n’avait jamais été leur cas. Bien sûr, ça leur était arrivé de ne pas répondre rapidement à cause de leurs occupations respectives, mais ils se redonnaient toujours rapidement des nouvelles. Shôji se souvint son sourire aux lèvres à chaque fois qu’il voyait une notification de Livia dans son téléphone. Ca le mettait toujours de bonne humeur car elle était toujours pleine de bonnes vibes. Quand il n’avait pas le moral, elle lui envoyait de petites plaisanteries pour lui changer les idées et il repartait reboosté à bloc. Et il faisait généralement de même. Le feeling était toujours bien passé.

Sa provocation le ramena sur Terre, loin de ses souvenirs, et il la regarda d’un air de défi. Elle ne le croyait pas capable de la porter ? Qu’à cela ne tienne, il avait bien noté l’idée dans sa tête et comptait bien le faire quand elle ne se souviendrait même plus d’avoir dit cela, histoire de la surprendre un peu. Non mais vraiment, il était bien trop joueur pour refuser ce genre de challenge. Mais avant qu’il n’ait pu répliquer quoi que ce soit, elle avait filé dans sa chambre. Il était donc resté la bouche ouverte avec un air idiot collé sur le visage. Elle ne payait rien pour attendre. En attendant, il avait fait une nouvelle blague concernant la couverture qu’elle venait de la ramener, ce qui lui valut un « t’es trop bête ». Il allait critiquer sa répartie de bas étage mais elle ajouta à sa réplique une nouvelle taquinerie. Elle n’avait pas tort.

« Vu comme ça, pourquoi pas. »

C’était clair que ce serait mieux d’être confortable pour mater le film. Elle le charria en lui disant qu’elle garderait tout pour elle s’il avait trop chaud. Elle s’enroula ensuite totalement avec la couverture et il éclata de rire :

« On mange pizza ce soir, pas sushi ou nems ! Bon courage pour atteindre le canapé et aller ouvrir au livreur comme ça ! »

Il aurait payé cher pour la voir aller ouvrir au livreur enroulée dans sa couette, mais comme il était un homme galant, il irait sûrement à sa place. Quoique … L’idée était quand même sacrément tentante de la laisser faire. D’ailleurs, on sonna à la porte : quel timing.

« Bon alors, tu relèves le défi ou pas ? »

Non, il ne ferait jamais une chose pareille. Mais Livia ne devait pas trop s’amuser à le provoquer car Shôji serait capable d’inventer une ânerie totalement fausse pour lui faire croire qu’il l’aurait spoilée. Il pouvait être totalement vicieux parfois, ce jeune homme. Et avoir la trentaine depuis quelques mois ne l’avait absolument pas fait mûrir ou grandir. Il resterait un grand enfant le plus longtemps possible, si ce n’était pas pour toujours. C’était beaucoup trop ennuyeux d’être un adulte rasoir qui n’avait rien à dire que des banalités, et vivre à l’étranger lui avait permis de sortir du moule nippon vis-à-vis de cela.

Bref, elle était revenue avec sa couverture et s’était enroulée avec pour ne pas avoir à la partager avec lui, puisqu’il était si moqueur. La voir se présenter tel un énorme sushi ou un nem l’avait bien fait rire, et il l’avait aussitôt mise au défi d’aller jusqu’au canapé comme cela. Mais à cet instant même où elle se targuait d’être une professionnelle des déplacements en couette, la sonnerie de l’appartement avait retenti pour signaler l’arrivée du livreur. Mais quel timing excellent, s’était dit le musicien. Il avait donc changé l’objectif du défi et il s’agissait maintenant d’atteindre la porte d’entrée avec sa couverture sans se vautrer et d’ouvrir au livreur ainsi accoutrée. Connaissant l’esprit de compétition de Livia, Shôji était certain qu’elle accepterait, et c’est ce qu’elle fit, à son grand plaisir. Cet être vicieux qu’était Shôji prit son téléphone alors que Livia se mettait à sautiller jusqu’à la porte et activa le mode caméra. Il filma donc sa magistrale chute et sa rencontre avec le sol. Hilare, il finit par arrêter la vidéo lorsque Livia lui cria qu’il faudrait qu’il aille ouvrir à sa place. Il rangea son téléphone et s’exécuta.

« J’y vais, j’y vais ! En revanche t’as perdu le défi donc tu restes par terre. »

Il se faufila jusqu’à la porte, mort de rire, et ouvrit au livreur. Il récupéra la commande, remercia le livreur qui n’eut donc pas le privilège ultime de voir Livia enroulée dans sa couverture et étalée sur le sol, puis referma la porte. Il posa rapidement les boîtes de pizza sur la table la plus proche, et s’approcha de la jeune femme. Il se pencha devant elle en s’accroupissant, et dit :

« Alors le sushi, on a pas atteint l’objectif ? »

Il sourit, sachant quelle connerie il allait faire. Et avant qu’elle ne puisse réagir, il tendit les bras, les glissa sous son corps entouré de la couverture, et la souleva avant de se relever avec elle dans ses bras.

« Bon alors, comme ça, je n’étais pas capable de te soulever ? Je fais quoi maintenant, je te jette sur le canapé ? Sur ton lit ? Ou je t’enferme dehors ? »

Il rit à sa propre bêtise, mais finit par s’interrompre lorsqu’il réalisa qu’il tenait Livia dans ses bras, et que leurs visages étaient assez proches. Ils n’avaient jamais eu cette proximité, et il sentit ses joues s’échauffer un peu, en espérant que cela ne se voie pas. Il resta ainsi quelques secondes à l’observer, un peu intimidé. Puis, avant de commettre une chose qu’il finirait peut-être par regretter, et de risquer de s’en prendre une, il s’approcha du canapé et y déposa Livia, avant de retourner chercher les pizzas.

« C’est fou ça, il n’y a que moi qui réussit les challenges aujourd’hui ! »

Oui Shôji, raconter encore des bêtises pour dissimuler ta gêne, et faire comme s’il n’y avait pas eu de moment entre vous un instant plus tôt. Cette soirée promettait d’être pleine de surprises les plus inattendues possibles.

Livia avait semblé choquée, voire outrée, que Shôji la laisse par terre comme si de rien n’était. Il avait un peu abusé sur ce coup-là, mais il mijotait son truc en silence et était très fier de son coup. Après avoir récupéré les pizzas et congédié le livreur, il était revenu vers elle pour la narguer gentiment avant de la porter sans la prévenir pour encore se donner raison. Sauf que son petit jeu lui était revenu dans la tronche puisqu’une fois qu’il se trouva à une proximité dangereuse du visage de son amie, il avait presque perdu tous ses moyens. En plus, elle avait encore les cheveux mouillés qui venaient encadrer son visage et il s’était surpris à la trouver trop mignonne comme ça. Mais punaise, à quoi pensait-il ? Quelle andouille il faisait ; il avait donc recouvré ses esprits et l’avait posée sur le canapé, se cachant à nouveau derrière son humour douteux concernant les challenges remplis.

Et voilà qu’elle se mettait à bouder après s’être extirpée de sa couverture encombrante, qu’elle avait posée sur se genoux. Elle n’osait tout de même pas lui faire ça à lui, si ? Visiblement, c’était son intention. Elle s’était emparée de la télécommande pour allumer la télévision, s’était ravisée et s’était finalement jetée sur la pizza. Shôji fit la moue, fronça les sourcils tout en arrondissant ses lèvres comme un poisson pour accentuer son côté frustré, puis il s’acharna lui aussi sur une part de pizza qu’il engloutit aussitôt. Ca faisait du bien de manger, dis donc ! Mais il n’allait pas laisser Livia s’en sortir ainsi.

« Je te préviens, tu ne vas pas bouder longtemps toi. »

Il avait attendu qu’elle finisse sa part de pizza car vu ce qui allait suivre, il s’en serait voulu de tacher son canapé aux couleurs claires avec de la sauce tomate. Les boîtes étaient sur la table basse, rien n’était risqué. Il se redressa pour se mettre sur ses genoux, et se pencha vers elle pour la chatouiller allègrement. Il n’avait jamais testé ça sur elle et espérait qu’elle ne faisait pas partie de ces rares personnes qui ne craignaient rien, sinon son plan serait foutu. Taquin, il vint la pincer au niveau de ses hanches, généralement le pire point faible d’une personne chatouilleuse. Mais encore une fois, son jeu se retourna contre lui : même si elle portait une tenue confortable, le tissu était léger et il avait senti sa peau sous ses doigts. S’ils n’avaient été qu’amis, ça ne lui aurait fait ni chaud ni froid, pourtant, approcher ses mains si proches de la taille de Livia l’avait troublé l’espace d’un instant. Mais il était trop occupé par sa vengeance qu’il ne prêta pas attention aux signes évidents que leur amitié était doucement en train de basculer.

Livia avait décidé de bouder, et comme elle était têtue, elle était capable de faire durer ce petit plaisir machiavélique jusqu’à ce que Shôji craque. Mais il la ferait céder avant. Il avait laissé passer quelques minutes, lui faisant croire qu’il se prenait au jeu et pensait réellement qu’elle boudait dans son coin, avant de se jeter sur la pizza. Délicieuse pour une pizza à la japonaise. Il n’y aurait pas cru avant d’y goûter.
Puis la sentence tomba : il s’était redressé sur ses genoux pour mieux s’installer et être en position dominante. Prêt à la chatouiller au niveau de ses pires points faibles. Et il ne se priva pas : commençant au hasard pour tester sa résistance, n’écoutant pas ses supplications un seul instant, il poursuivit la torture jusqu’à lui pincer les hanches, l’un des points les plus sensibles des femmes. Bon, des mecs chatouilleux aussi, concrètement. Lui-même était également terriblement chatouilleux et il était persuadé que si elle lui renvoyait l’ascenseur, il serait déjà en train de se rouler par terre. Elle résistait relativement bien. Shôji ne vit pas que ce geste avait provoqué un grand frisson sur le corps de Livia et qu’elle avait maintenant la chair de poule. En revanche, il ne loupa pas son hurlement strident qui lui vrilla les oreilles. Mais quelle peste ! Bon, il l’avait bien cherché.

Lorsqu’elle lui agrippa les deux mains au niveau des poignets, il s’arrêta net. Il aurait totalement pu se débattre et continuer de l’embêter, il avait bien assez de force pour se dépêtrer de l’étreinte fragile qu’elle appliquait sur ses poignets. Pourtant, une force invisible l’avait fait s’interrompre dans son geste. Livia l’observait avec attention et intérêt, et Shôji se sentit tout intimidé, tout d’un coup. C’était quoi ce regard de braise qu’elle lui lançait ? Que devait-il comprendre ? Au fond, il n’y avait pas grand-chose à comprendre et il resta bloqué lorsqu’elle rapprocha son visage pour l’embrasser. Interdit, il se laissa faire sans broncher, les mains toujours en captivité. Ce contact ne dura qu’un très court instant, après quoi elle s’était reculée brusquement, lâcha ses mains et partit se cacher sous la couverture. Elle ne savait pas ce qui lui avait pris. Du coup, Shôji était perdu : l’avait-elle fait intentionnellement et avait-elle peur qu’il lui en veuille ? Ou au contraire elle avait cédé à une impulsion et c’est elle qui regrettait son propre geste ? Shôji resta silencieux un moment, encore abasourdi par ce qui venait de se passer. Il devait faire quoi, au juste ?

Bon sang, il faisait chaud d’un coup. Il se sentait tout bizarre, son cœur avait commencé à s’emballer et son corps semblait en alerte. Tout ce qu’il s’était retenu de faire à chaque moment de proximité car ce n’était pas raisonnable et risquait de chambouler leur amitié, c’était elle qui venait de le faire. Elle avait pris les devants sur quelque chose qui lui trottait en tête depuis leurs retrouvailles à l’appartement. Il avait eu un mois entier pour réaliser que son absence avait été pesante et que sa présence lui était indispensable. Il pensait que c’était leur forte amitié qui parlait, mais si au fond c’était bien cet autre sentiment qu’il s’était efforcé de nier au maximum ?
Déglutissant et reprenant peu à peu ses esprits, il retira délicatement le bout de couverture derrière lequel se cachait Livia : elle était toute rouge et gênée, et lui aussi. Ils avaient l’air très con maintenant.

« Livia … »

Il l’observa un moment : elle était toute vulnérable ainsi, il allait devenir fou. Tant qu’il arrivait à se convaincre qu’il allait se faire jeter s’il tentait un truc, c’était facile de se retenir et de se trouver des prétextes. Mais maintenant qu’elle avait franchi la barrière, il ne pouvait plus vraiment s’empêcher de faire ce qui lui traversait l’esprit. Il se pencha donc sur elle, posant une main sur la joue de Livia, avant de l’embrasser à son tour. Plus passionnément, plus certain que le précédent. Il ne savait pas si c’était une bêtise ou non, mais présentement, il avait envie de l’embrasser, d’être près d’elle et … de rester là tout le temps du monde s’il le fallait.

Quel dérapage complet de la soirée ! Shôji n’était absolument pas prêt à tout ce chamboulement. Mais de toute façon, même s’il l’avait été, il aurait été tout aussi déboussolé. Comment des années entières d’amitié virtuelle puis réelle avaient pu aboutir sur des sentiments amoureux ? Le jeune homme était persuadé qu’au bout d’un moment, à force que les années passent, on atteignait inconditionnellement le stade de la friendzone. Mais apparemment, pas pour eux. Peut-être que leur amitié s’était arrêtée à partir du moment où ils s’étaient rencontrés en vrai. Peut-être que rien d’autre qu’une forte amitié n’avait pu être envisageable entre eux tant qu’ils ne s’étaient pas fréquentés en vrai. Shôji aurait concrètement été incapable de développer des sentiments amoureux pour une personne qu’il ne connaissait que derrière un écran. En revanche il ne pouvait nier que Livia l’avait toujours attiré, depuis leur premier échange, sans qu’il ne sache vraiment pourquoi. Il l’avait toujours trouvé belle, avec un côté ténébreux et bien plus mature que toutes les filles avec qui il était sorti. Peut-être le côté occidental ? Il n’en savait rien. Mais c’était juste une réaction typique de mec qui parlait avec une jolie fille. Puis les échanges s’étaient multipliés, le feeling passait bien, et ils étaient devenus de plus en plus proches. Naturellement, il avait commencé à se confier à elle, sur tout ce qui lui passait par la tête. Elle avait mis plus de temps mais elle s’était ouverte à lui, elle aussi. Et tout était devenu fluide.

Il n’aurait jamais imaginé que cette complicité puisse devenir de l’amour. Pourtant, lorsqu’il l’avait vue en chair et en os pour la première fois, il avait ressenti un petit quelque chose qu’il n’avait à l’époque pas identifié. Il avait mis ça sur le dos du stress de voir une personne qu’il connaissait à fond virtuellement pour la première fois. Au début c’était maladroit et ça s’était vite atténué. Leur complicité avait repris le dessus sur la gêne, et l’alchimie avait fait le reste. Ils avaient beaucoup baladé, discuté, testé des restaurants, des cafés, erré dans Seiseki … Des heures et des heures sans qu’il ne se passe rien, sans que Shôji veuille se poser les bonnes questions.

Et ce soir, après avoir passé un mois sans la voir, tout était parti en vrille. Sous l’impulsion, il l’avait prise dans ses bras à l’aéroport, trop heureux de pouvoir à nouveau être avec elle. Il avait ignoré les multiples signaux, persuadé qu’il ressentait réellement une amitié extrêmement forte pour elle. Mais lorsqu’elle l’avait embrassé, son monde entier avait basculé. Avait-elle des sentiments pour lui ? En avait-il pour elle ? Si son cerveau n’avait pas voulu répondre, trop perturbé par le déroulement des événements, son corps l’avait fait pour lui. Il avait retiré la couverture, s’était approché d’elle et lui avait donné un baiser qu’il n’avait potentiellement jamais donné à qui que ce soit. Leur échange avait été fort, fougueux, intense et surtout désespéré. Un peu comme s’ils relâchaient la tension qu’ils retenaient depuis des mois, et qu’ils admettaient qu’ils tenaient bien plus l’un à l’autre que ce qu’ils avaient bien voulu prétendre jusque-là.

Lorsque leur baiser s’était terminé, Shôji avait pensé reculer et s’installer de l’autre côté du canapé, tout penaud, mais Livia l’avait attiré à elle en lui demandant de rester là. Sa main glissée dans ses cheveux avait été un sentiment grisant, et il sentait encore le contact de ses doigts alors qu’ils n’y étaient plus. Lentement, il glissa son bras dans son dos et tenta de s’installer plus confortablement tout en l’attirant contre lui dans une étreinte chaleureuse. Maintenant, la tête de Livia reposait contre son torse. Il tenta de tirer la couverture pour les couvrir tous les deux, puis soupira.

« Qu’est-ce qu’on fait là, au juste ? »

Shôji n’avait plus envie de rire, et de toute façon il n’avait aucune plaisanterie à lâcher pour détendre l’atmosphère. Il fallait qu’il se reprenne, parce que sinon, tout emballé qu’il était, il serait capable de lui sauter dessus sans crier gare. Mais ils venaient déjà de franchir une étape importante dans leur relation, avant de partir encore plus en sucette, il fallait peut-être faire un peu le point pour n’avoir ni remords, ni regrets.

« J’espère ne pas avoir fait une trop grosse connerie. »

Après tout, elle lui avait donné un baiser furtif, et il aurait pu faire une blague dessus du genre « bah alors t’as voulu me faire un bisou sous la joue et tu as glissé ? », mais à la place, il lui avait offert un baiser bien plus intense. Mais bon, elle y avait répondu à ce baiser. Il avait senti ses mains dans ses cheveux puis dans son dos. Et ce « Reste là », il ne l’avait pas rêvé non plus. Avait-il eu tort ?