Aujourd’hui est le 23 novembre, l’automne veillait pleinement à ce que la nature soit en harmonie en ce jour de gratitude pour tous les travailleurs et même à ceux qui recherchent activement un travail. Cette gratitude consiste à faire une prière au temple pour recevoir une bénédiction et c’est pourquoi tous les commerçants, les médecins, les chauffeurs, les professeurs et d’autres encore sont plus que les bienvenus pour s’y rendre avant qu’il ne soit trop tard.

Et Alice faisait parti de ces personnes, possédant un commerce en tant que boulangère et pâtissière, après le terrible typhon et les dégâts ayant été causés, il était nécessaire de se recueillir pour mieux espérer une remontée que plus haute !

Vêtue d’une simple tenue traditionnelle, un kimono rouge avec des fleurs blanches présentant des lys. S’approchant du temple et s’inclinant deux fois, puis tapez deux fois dans les mains afin de signaler sa présence devant la divinité des lieux. Faites votre moment de recueillement et une fois terminé, inclinez-vous une dernière fois. Ceci est si vous êtes dans une religion Shinto, dans le cas contraire, le bouddhisme ne nécessite pas de taper dans les mains, mais de vous asperger d’encens la tête et le corps afin de vous purifier.

Afin de suivre la tradition, comme me l'avaient inculqués mes parents, j'avais revêtu une tenue traditionnelle de couleur foncée pour l'évènement. Je voulais aller prier pour le travail de mes parents, des personnes qui m'entouraient et aussi pour moi. Mon objectif était de trouver un emploi étudiant pour commencer à mettre de l'argent de côté. Bientôt, j'allais devoir quitter la résidence Seiseki. Il me fallait donc de la ressource financière pour me prendre une chambre en dehors de l'université.

Plutôt bouddhiste dans l'âme, je rejoignais mes mains avec de l'encens qui brûlait. Les yeux fermés, je fis mes vœux. Je déposais l'encens et m'approchai d'un buffet pour y déposer un panier contenant de la nourriture en guise d'offrande.

Aujourd'hui c'est un jour un peu spécial pour Akihito, aujourd'hui il doit se rendre au temple, c'est une sorte de tradition. Avant il le faisait avec sa mère, ils ne manquaient jamais ce jour et ils allaient ensemble prier les dieux pour essayer d'avoir un peu plus de chance. Autant vous dire qu'il n'y croyait pas vraiment, mais avec la mort de celle-ci il attend ce jour avec impatience car il espère que ce ne sont pas les dieux qui vont l'entendre mais elle. Il n'a dit à personne qu'il allait s'y rendre, même si sa bande doit s'en doutaient ils ont fait comme si de rien n'était, sans doute pour ne pas le gêner. Parce que oui, un braqueur qui va prier les dieux pour leur demander une bonne année c'est un peu… Comment dire... Du foutage de gueule ? Oui, c'est ça c'est clairement du foutage de gueule !

C'est un petit à la main droite dans sa vieille tenue traditionnelle que le blond se dirige vers le temple. Il marche d'un pas lent et pour une fois il ne regarde pas autour de lui s'il n'y a pas un portemonnaie à voler. Non, aujourd'hui il a décidé d'être clean et de faire les choses bien ! C'est une fois devant le temple qu'il se lave les mains avant de s'avancer pour poser son petit panier à côté des autres avant de reculer. Il se place à côté d'un mec aux cheveux et comme lui il joint ses mains et commence à prier s'excusant pour toutes les personnes qu'il a braquées, volées et droguées. Oui, on peut dire qu'il en a gros sur la patate et qu'il a beaucoup de choses à se faire pardonner.

Je ne sais même pas pourquoi je suis là. Ce n’est pas quelque chose que je fais normalement mais peut-être que ça me fera du bien ? Qui sait ? Et puis c’est l’occasion de mettre une jolie tenue traditionnelle pour prendre l’air. Comme c’est la première fois que je fais ça ici, j’observe d’abord comment font les gens autour de moi. Je me suis renseignée et j’ai certainement déjà vu ce genre de chose en Corée quand j’étais plus jeune mais la dernière fois remonte à une éternité ! Et du coup ça me rend un peu nerveuse.

Quand mon tour arrive, je m’approche un peu tremblante de l’autel et reproduis le rituel que j’ai observé tout à l’heure, rejoignant ainsi mes mains avec l’encens tout en me montrant reconnaissante d’avoir une vie si parfaite bien qu’elle ne me comble pas totalement. Je m’excuse aussi pour le mal que j’ai fait aux gens et que je continuerais de leur faire parce que soyons honnête, c’est plus fort que moi. Voir tous ces gens heureux alors que je ne le suis pas, ça m’agace tellement ! Mais je ferais de mon mieux pour devenir une meilleure personne, enfin je l’espère. Disons qu’essayer est déjà pas mal, non ?

Une fois le rituel terminé, je cherche du regard l’endroit où déposer les fruits que j’ai apporté en offrande. Je fais quelques pas et butte contre un caillou qui me fait perdre l’équilibre et c’est de justesse que je me rattrape à la personne se trouvant près de moi.

Le regard figé sur mon panier, je réfléchissais à la prière réalisée un peu plus tôt. Est-ce que cette fin d'année sera plus joyeuse que les derniers mois que nous avons eus à Seiseki ? J'espérais vraiment qu'une autre catastrophe n'allait pas revenir d'aussitôt et que tout le monde allait pouvoir se remettre sur pied le plus tôt possible.

Pendant ma réflexion, quelqu'un chuta et se rattrapa sur moi. Surpris, je retenais par réflexe la personne par les épaules en l'appuyant légèrement contre moi pour qu'elle ne puisse pas tomber plus bas. Le visage de biais pour tenter d'examiner celle-ci, je lui demandais : " Vous allez bien ? " Peut-être avait-elle la cheville foulée, la tête qui tourne ou je ne savais quoi encore.

C’est sur un jeune homme que je tombe et je peux dire sans trop me tromper qu’on doit avoir à peu près le même âge. Gênée, je lui adresse un léger sourire avant de le remercier mais surtout de m’excuser de ma maladresse. Alors que je m’apprête à ajouter autre chose, je grimace de douleur en prenant appuie sur mon pied droit. On dirait que je me suis fait mal à la cheville mais ça ne dois pas être bien grave. Peut-être juste un muscle froissé ? Décidément ! Ce n’est vraiment pas mon jour.
« Je crois que je me suis juste fait un peu mal à la cheville en trébuchant mais merci. »
Je lui adresse un sourire qui se veut rassurant alors que je sais déjà ce que ma mère m’aurait dit si elle avait été là. Je suis idiote de ne pas savoir marcher droit sans trébucher sur le premier passant. Je serre un peu plus mon sac d’oranges dans mes doigts et décide de lui demander un conseil. Après tout, je l’ai déjà dérangé alors un peu plus ou un peu moins…
« C’est la première fois que je viens ici. Est-ce que vous pourriez me dire où je pourrais déposer mes offrandes ? »
Il y a pas mal de monde et vu que j’ai désormais mal à la cheville, je préférais aller directement dans la bonne direction.

La fille m’annonça un problème avec sa cheville qui attira aussitôt mon attention. J’allais m’accroupir pour y jeter un coup d'œil, mais je m'en suis retenu. Toucher la jeune femme était peut-être mal vu. J’aurais agi par inquiétude et curiosité, mais il était aussi possible de croire que c’était par perversité et malveillance.
Rapidement et gentiment, je pris son offrande pour la décharger. “ Attendez, je vais m’en occuper pour vous, ça doit être lourd. ” Je me pivotais sur moi-même, faisant attention à ne pas renverser le contenu. Et simplement, je positionnais la sienne à côté de la mienne.

Contemplant les deux cadeaux, je souriais en étant satisfait de la vue. *Il est parfait juste à côté du mien.* Timidement joyeux, je revenais vers elle, lui indiquant d’un signe de tête un espace à quelques pas. “ Il y a un banc en face, allons nous y asseoir pour reposer votre cheville. “ En baissant le visage et en prenant délicatement la main de celle-ci, je passais son bras autour de mon cou pour éviter qu’elle prenne trop d’appui sur sa cheville blessée.
Ainsi, nous avons marché vers le banc où je l’aidais à s’installer avec précaution. “ Vous allez bien ? Je vais aller chercher de la glace pour votre cheville. Il faut éviter qu’elle gonfle. “ Je n’étais pas médecin, mais avec le volley-ball, il m’était souvent arrivé de me faire mal à la cheville, au poignet ou à bien d’autres endroits. Du coup, les premiers gestes à avoir dans ce genre de situation, je les connaissais.

Sans plus attendre, j’allais chercher de la glace. Sauf que nous étions au Temple Ohno et que tout était assez loin. Au plus proche, il y avait une aire de jeux et il me semblait avoir vu un distributeur. M’en souvenant, je me suis mis à courir pour le trouver et acheter une bouteille d’eau. Au moins, c’était un peu froid.

Après avoir couru aller et retour, dix minutes s’étaient écoulés. J’arrivais avec hâte, transpirant et essoufflé devant la brune. Puis, tout en s'agenouillant devant elle, je lui donnais les détails. “ Nous sommes trop éloignés des commerces. J’ai pu trouver un distributeur. Je n’ai qu’une bouteille d’eau. Il faudrait rentrer rapidement pour s’en occuper plus sérieusement. “ En même temps, je soulevais (en faisant attention de ne pas lui faire mal) le bas de son pantalon pour le retrousser et poser sur l’endroit enflammé la bouteille froide. “ Maintenait la dans cette position cinq bonnes minutes. “

Surprise, je le laisse me prendre l’offrande des mains et aller le placer là où il faut. Je le suis du regard, ne sachant pas quoi faire si ce n’est restée immobile là où je suis en évitant bien sûr de m’appuyer sur ma cheville douloureuse. Il revient peu après vers moi et alors que je m’apprête à le remercier, il me propose d’aller m’assoir sur un banc, juste à côté. Je me sens bête, j’aurais dû le remarquer immédiatement mais je crois que sa gentillesse et sa bienveillance me perturbe un peu trop. Je ne suis pas habituée à ce qu’on se comporte de cette manière avec moi mais ce n’est pas désagréable, bien au contraire !
« Oui merci. »
Il m’aide à marcher et je me sens d’un coup rougir. Moi qui ai toujours aimé qu’on me traite comme une princesse, voilà que je ne sais plus quoi dire ni faire face à un authentique chevalier servant. En fait, je ne devrais pas me prendre autant la tête car une fois assise, voilà qu’il repart en quête de glaçon. J’entrouvre les lèvres pour lui dire de ne pas se donner cette peine mais il est déjà parti. Je le regarde s’éloigner, posant simplement ma main sur ma joue rougie par l’embarra et me disant que peut-être que cette rencontre est un signe. J’ai voulu bien faire en venant prier pour me faire pardonner pour ma méchanceté et le karma semble me faire comprendre qu’à bien me comporter, je pourrais attirer des personnes aussi gentilles et bienveillantes que lui. Après tout, ne dit-on pas qu’on récolte ce qu’on sème ? Mais je sais bien ce que dirait ma mère… Enfin elle n’est pas la pour surveiller mes fréquentations, ni voir comment je me conduis avec les autres. Alors j’essaie de me détendre et adresse un sourire chaleureux à ce garçon lorsqu’il revient vers moi avec une bouteille d’eau.
« Merci beaucoup et vraiment je suis désolée du dérangement. »
Je m’incline respectueusement, chose que je n’aurais pas fait en temps normal, et lui prends délicatement la boisson des mains pour la maintenir contre ma cheville.
« Je vais me reposer un moment et je verrais bien tout à l’heure comme elle se porte. Et si ça ne va pas mieux, j’aurais chez le médecin. Je vous le promets. Au fait, je suis désolée de prendre de votre temps comme ça. Si vous avez des choses à faire, vous pouvez y aller. Vous m’avez déjà beaucoup aidé et je vous en suis très reconnaissante. »